Avec notre correspondant à Varsovie, Damien Simonard
« Peut-être ses propos arrogants sont-ils dus à son manque d'expérience », fait mine de s'interroger la Première ministre Beata Szydlo, dans un communiqué dans lequel elle ajoute : « Je conseille à Monsieur le président [Emmanuel Macron] qu’il s’occupe des affaires de son pays, il réussira alors peut-être à avoir les mêmes résultats économiques et le même niveau de sécurité de ses citoyens que ceux garantis par la Pologne », a-t-elle réagi.
Le président français avait, quelques heures plus tôt, estimé que la Pologne s'isolait en s'opposant à une modification des textes européens sur les travailleurs détachés. « La déclaration de la Première ministre polonaise hier [jeudi 24 août, NDLR] ajoute une nouvelle erreur à la stratégie polonaise et manifeste combien ce pays décide aujourd’hui de se mettre en marge de l’histoire du présent et du futur de l’Europe », a déclaré le président de la République française.
Dialogue de sourds
Mais Beata Szydlo attend d’Emmanuel Macron qu’il rattrape rapidement ses lacunes et qu’il soit plus réservé à l’avenir. Sur la directive des travailleurs détachés, le président français estime que Beata Szyllo aura beaucoup de mal à expliquer qu’il est bon de mal payer les Polonais, mais cette dernière estime que ce sont au contraire la Pologne et l’Europe centrale qui défendent les principes du marché commun.
Dans ce dialogue de sourds, la Première ministre polonaise rappelle enfin à Emmanuel Macron que la Pologne est membre de l’Union européenne au même titre que la France. « Ce n’est pas le président français qui décidera personnellement de l’avenir de l’Europe, mais l’ensemble des membres de la communauté », déclare-t-elle, même si les alliés de la Pologne se comptent désormais sur les doigts d’une seule main.
Car avec le soutien qui lui ont assuré le Premier ministre slovaque, le tchèque, le roumain et le bulgare, le président français a dorénavant assez d'alliés pour faire aboutir sa réforme, estime notre envoyée spéciale Dominique Baillard. C'est la première étape de son grand projet européen, car pendant ce voyage, le président est revenu sans cesse sur la feuille de route qu'il entend présenter avant la fin de l'année, pour refonder l'Europe. Projet auquel tous ses hôtes souhaitent vivement être associés. C'est aussi un joli succès interne, car la réforme du travail détaché était l'une de ses promesses de campagne. Cela vaut bien une petite passe d'arme avec la Pologne.
► (Re) lire : Travailleurs détachés: «une trahison de l'esprit européen», estime Macron