La communauté turque d'Allemagne, otage d'une crise qui la dépasse

Le 18 août, le président Erdogan appelait ses compatriotes disposant de la nationalité allemande à boycotter le SPD, la CDU et les Verts lors des élections législatives allemandes le 24 septembre. Depuis plus d'un an, le ton monte entre la Turquie et l'Allemagne. Cette dégradation des relations bilatérales déstabilise la communauté turque d'Allemagne.

Avec notre correspondante à Berlin,  Nathalie Versieux

Amoncèlement de fruits et de légumes. On est sur le plus grand marché turc de Berlin, sur les bords du canal de Landwehr. A l'entrée du marché, Kubilay prépare une boule à la fraise pour une fillette aux grands yeux bruns. « Erdogan ? Il a fait exactement la même chose que ce qu'ont fait les partis allemands quand il y a eu le référendum en Turquie. C'est pourquoi je trouve légitime ce qu'il a fait... »

Trois millions de Turcs vivent en Allemagne, dont un peu plus d'un million ont également la nationalité allemande. 700 000 d'entre eux sont en âge de voter. Le boycott des principaux partis allemands à l'appel du président Erdogan ne va donc pas décider du cours du vote. D'autant que la communauté turque d'Allemagne est fortement divisée. Kurdes et Alévis sont très hostiles à l'AKP, comme Erkan, propriétaire d'un petit restaurant de kebab. « Ce que dit Erdogan ne m'intéresse pas du tout... Je vis ici. Il ne vit pas ici. Je suis un homme libre. Je vais aller aux urnes et voter librement. »

Comme d'habitude, Erkan votera cette année pour le SPD.

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