Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet
Après huit ans de procédures, la Cour permanente d’arbitrage de La Haye a rendu sa décision ce vendredi et estimé que la Slovénie avait droit à une extension de ses eaux territoriales jusqu’aux eaux internationales de la mer Adriatique. Une grande victoire selon les Slovènes, une décision nulle et non avenue selon les Croates.
Même si dans la pratique ses navires pouvaient transiter par les eaux croates, l’enclavement de ses eaux territoriales était inacceptable pour la Slovénie qui voulait profiter pleinement de sa souveraineté nouvellement acquise. Le but était évidemment d’assurer l’avenir de Capodistria, le seul port commercial des quelque 46 km de côtes slovènes. Il a fallu que la Slovénie menace de bloquer l’accession de la Croatie à l’Union européenne pour que le gouvernement croate accepte le principe d’un arbitrage international en 2009.
La Cour a donné raison à la Slovénie et lui accorde un corridor maritime large de deux milles nautiques et demi soit un peu moins de cinq kilomètres. Un corridor retranché des eaux croates qui ne toucheront plus les eaux italiennes. La Slovénie s’est empressée de qualifier la décision d’« historique » et la Croatie s’est empressée d’affirmer qu’elle ne s’y conformerait pas, car elle s’était retirée de l’arbitrage qu’elle avait jugé partial. Le différend frontalier croato-slovène est censé être enfin résolu, mais cette résolution pourrait bien n’être qu’un nouvel épisode d’un conflit aussi vieux que les deux pays.