Avec notre correspondante à Londres, Marina Daras
Les messages de la reine ne sont pas rares, mais ils ne sont pas tous aussi poignants que celui qu’elle a adressé ce samedi au peuple britannique. Si Elisabeth II a tenu à s'exprimer aujourd'hui, c'est que le Royaume-Uni connaît une succession de terribles tragédies et que, d'après elle, il est devenu très « difficile d'échapper à une humeur nationale très sombre » à la suite des attentats de Londres et de Manchester ces dernières semaines.
La reine a su faire preuve d'une grande compassion durant ses épreuves et remercie le peuple britannique de sa solidarité et de son esprit d'entraide.
Au passage, elle a donné une leçon de protocole à Theresa May, très critiquée sur la manière dont elle gère les drames. Au lendemain de l'incendie de la tour Grenfell à Londres, Theresa May s'était rendue sur les lieux pour rencontrer les ambulanciers et les pompiers, mais n'avait pas rendu visite aux survivants et aux familles des victimes. Un faux-pas que la reine et le prince William ont tenu à corriger en se rendant sur place le lendemain afin de montrer leur soutien aux bénévoles et victimes.
Theresa May annonce le déblocage de 5,7 millions d'euros d'aides
Après avoir accumulé les faux pas dans la gestion de cette crise, Theresa May tente une opération de rattrapage politique. Elle a reçu ce samedi un petit groupe de survivants à Downing Street et est allée rendre visite aux personnes toujours hospitalisées.
Theresa May a annoncé que plus de 5,7 millions d'euros seraient débloqués immédiatement pour aider les familles à se reconstruire et a reconnu que les autorités locales avaient manqué à leur devoir dans les heures qui ont suivi la tragédie. La municipalité ne s'est en effet pas du tout impliquée dans l'encadrement et le soutien aux victimes. Ce sont des bénévoles, résidents du quartier ou Londoniens généreux, qui ont coordonné eux-mêmes le dispositif d'aide.
Le geste de Theresa May ne suffira donc sans doute pas à calmer la colère des habitants du quartier de Latimer Road qui reprochent aux autorités locales et aux gestionnaires de l'immeuble leurs négligences sur les questions de sécurité de l'immeuble. Pour beaucoup, ces négligences sont le reflet de la fracture sociale qui sévit dans le quartier de Kensington où les très riches côtoient les plus pauvres.