Russie: le show de Poutine à la télévision perturbé par des SMS

Vladimir Poutine était ce jeudi 15 juin la vedette de sa quinzième émission annuelle de télévision au cours de laquelle il a dialogué en direct avec la population russe. Retransmise en direct sur les trois plus grosses chaînes du pays, l'émission a duré environ quatre heures.

De notre correspondante à MoscouMuriel Pomponne

Cette année, la séance de questions-réponses en direct à la télévision intervient dans une phase de vive répression contre l’opposition. Et c’est sans doute pour cela que les interventions du président ont été essentiellement consacrées aux problèmes sociaux intérieurs.

Vladimir Poutine s’est ainsi évertué à expliquer que le pays était sorti de la crise alors que les téléspectateurs insistaient sur leurs salaires de misère et sur les difficultés d’accès aux médicaments.

Le président russe n'a fait aucune allusion aux récentes manifestations qui ont fait sortir des milliers de Russe dans plus d'une centaine de villes. Il n'a apporté aucune réponse non plus à leur préoccupation concernant la corruption des élites et encore moins sur leur désir de changement à la tête de l'Etat. Il n'a pas évoqué la prochaine élection présidentielle. Et si le nom de l'opposant Alexeï Navalny n'a pas été prononcé, il a été critiqué dans une allusion très claire. « Je suis prêt à parler à tous ceux dont le but est d'améliorer la vie des gens, de résoudre les problèmes auxquels le pays fait face. Mais pas à ceux qui utilisent ces difficultés pour augmenter leur popularité politique », a-t-il ainsi déclaré.

Le climat de tension dans le pays était cependant perceptible dans le ton des SMS des téléspectateurs, diffusés à l’antenne – sans doute par erreur – avant d’être effacés : « Trois mandats présidentiels, c’est assez ! » ; « Poutine, tu crois vraiment que le peuple croit encore à tout ce cirque » ; « Au revoir, Vladimir Vladimirovitch »...

Sur les dossiers à l’étranger, le président Poutine a profité d’une question d’un téléspectateur de Kiev pour répondre au président Porochenko qui avait cité le poète russe Lermontov quand les Ukrainiens ont été dispensés de visa pour se rendre en Europe – « Adieu à toi, Russie malpropre, pays d'esclaves, pays de seigneurs ». « L’Ukraine s’est battue jusqu’au fond du gouffre et maintenant ses propres enfants la crucifient pire que les Polonais », a rétorqué Vladimir Poutine, citant à son tour un vers du poète ukrainien Taras Chevtchenko.

A un autre téléspectateur qui appelait des Etats-Unis, Vladimir Poutine a par ailleurs voulu réaffirmer que la Russie ne considérait pas les Etats-Unis comme un pays ennemi, mais il a fustigé l’influence américaine dans le monde. « Si Comey a des soucis, qu’il sache qu’on lui accordera l’asile politique », a lancé le président russe à propos de l'ancien directeur du FBI.

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