Avec notre correspondant à Kiev, Stéphane Siohan
Les autorités moldaves sont habituées depuis 1991 à jouer l’équilibre entre l’Europe et la Russie. La Russie soutient d’ailleurs dans le pays un conflit gelé
et une région séparatiste, la Transnistrie. Mais cette fois, le gouvernement de Chisinau, pourtant considéré comme conciliant avec Moscou, n’a pas fait dans la dentelle.
Les diplomates qu’il a expulsés le 29 mai étaient en fait des agents du GRU, le renseignement militaire russe, qui étaient chargés du recrutement de combattants moldaves. Ces individus étaient formés clandestinement en Russie, puis envoyés se battre en Ukraine, au sein des forces séparatistes pro-russes.
Les services russes trouvaient ces hommes en Gagaouzie, une petite région turcophone de Moldavie, où la population éprouve généralement des sympathies envers la Russie.
Seulement, le gouvernement ukrainien a intercepté ces combattants, puis transmis les informations à la Moldavie, qui a décidé de mettre fin au petit jeu de Moscou.
Le Kremlin, quant à lui, continue donc d’intriguer dans cette ancienne république soviétique, une région très fragile où jouer avec les minorités revient à jouer avec le feu.
Réaction de Moscou
Le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué mercredi avoir ordonné l'expulsion de cinq diplomates moldaves en représailles. Moscou a remis à l'ambassade moldave une note signifiant que cinq de ses diplomates avaient été déclarés « personae non gratae » et devaient quitter le territoire russe dans les 72 heures. « La Russie espère que Chisinau prendra conscience du caractère contre-productif de ses actions » envers Moscou, a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué.
Cette décision du gouvernement moldave avait suscité la colère du président moldave pro-russe Igor Dodon, qui l'a qualifiée de « provocation » et d'« acte inamical », l'attribuant à des partisans, au sein de son propre gouvernement, d'une intégration de cette ex-république soviétique à l'Union européenne.
RFI