Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
Moscou a tenu, cette fois, à afficher sa neutralité. Le porte-parole du Kremlin s'est prononcé en faveur de relations mutuellement profitables et respectera le choix du peuple français.
Les parlementaires, eux, sont plus bavards. Pour le président de la commission des Affaires étrangères au Sénat, si Emmanuel Macron l’emporte, cela privera la France de sa chance de se renouveler. La classe politique russe est derrière Marine Le Pen et elle est dépitée qu’elle n’arrive qu’en deuxième position.
Pour Alexeï Pouchkov, sénateur, bon connaisseur de la France, Emmanuel Macron n’est pas indépendant. Il a gagné avec le soutien des médias, des élites libérales, de l’Elysée et de Bruxelles, alors que Marine Le Pen représente une vraie tendance de la société française.
Selon ce sénateur, la politique extérieure de la France, notamment vis-à-vis de Moscou, ne va donc pas changer, mais elle va être encore plus dépendante de l’Allemagne, car Emmanuel Macron a moins de poids que François Hollande. « Il [Emmanuel Macron] a déjà déclaré qu’il est pour un dialogue à base de force avec la Russie. Je ne vois pas ce que cela veut dire parce que, ou bien un dialogue est entamé pour arriver à quelques résultats, ou bien, si le dialogue est fait pour démontrer votre force, ce n’est pas un dialogue, il ne mène nulle part. Donc, ou bien, Monsieur Macron doit changer sa conception du dialogue, ou bien la France va jouer un rôle de suiveur de l’Allemagne », développe Alexeï Pouchkov.
Alexeï Pouchkov critique aussi le candidat en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, car « les valeurs libérales prônées par Emmanuel Macron ne marchent pas contre le terrorisme », fait-il valoir.
A l’image de l’opinion publique dans le pays, certains journalistes russes espèrent encore et le disent : une victoire de Marine Le Pen au second tour serait une « divine surprise ».