Le fonds souverain norvégien estime que le conseil d'administration d'une entreprise doit fixer un plafond à la rémunération du directeur général et que cela le concerne en tant qu'investisseur. Cette nouvelle ligne de conduite a d'autant plus un caractère d'exemplarité que le fonds souverain norvégien pèse 878 milliards d'euros et qu'il est présent dans 9 000 entreprises sur la planète.
Avant même de théoriser cette position dans un document, le fonds a déjà voté l'an dernier contre la politique de rémunération des patrons de Goldman Sachs, JPMorgan, ou Sanofi, entreprises où il est actionnaire. Déjà le fonds souverain norvégien est considéré comme particulièrement sensible à la transparence et à l'éthique. Il n'investit pas dans les entreprises coupables de violation des droits de l'homme, celles qui fabriquent des armes nucléaires, qui exploitent le charbon néfaste à l'environnement, ni celles qui produisent du tabac.
Enfin, le fonds norvégien milite contre l'optimisation fiscale et pour que les groupes payent leurs impôts là où leur valeur économique est effectivement créée.
D'autres exemples
« C'est une très bonne nouvelle », s'est réjouie Manon Aubry, porte-parole d'Oxfam France. « Il s'agit d'un levier qui peut avoir un impact important sur le comportement des entreprises », a-t-elle expliqué à l'AFP, soulignant que le fonds norvégien n'était pas le seul à avoir pris ce genre de décision.
La contestation a un effet, parfois. Le directeur général du géant pétrolier britannique BP, Bob Dudley, a ainsi vu sa rémunération diminuer de 40% en 2016, un an après un vote des actionnaires contre une hausse de son salaire, uniquement consultatif, mais offrant un désaveu cinglant.
Sous la pression de la classe politique et des syndicats, six hauts dirigeants de Bombardier ont accepté dimanche au Canada de réduire de moitié l'augmentation de 50% initialement promise. Volkswagen a aussi décidé le mois dernier de plafonner les salaires pour les membres de son conseil d'administration, une question souvent débattue en Allemagne.