Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet
Le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés est le premier à avoir ouvert le feu contre la nouvelle loi hongroise, jugée profondément préoccupante. L’organisation Amnesty International dénonce elle aussi cette mesure et demande à l’UE de rester ferme.
Le Parti social-démocrate européen appelle le groupe conservateur du Parti populaire européen à exclure de ses rangs le Fidesz, le parti du Premier ministre Viktor Orban et condamne une décision inhumaine qui viole les lois européennes. Cette condamnation a été reprise par les libéraux au Parlement européen, qui accusent la Commission européenne d’avoir ignoré des accusations de violation des droits de l’homme en Hongrie.
Avec cette loi, la Hongrie sait qu’elle engage un nouveau bras de fer avec la Commission européenne, puisque Viktor Orban a reconnu par avance que ce texte irait ouvertement contre l’UE. Il faut souligner qu’une loi similaire votée en 2013 avait finalement été retirée suite aux pressions du Haut Commissariat aux réfugiés, de l’UE et de la Cour européenne des droits de l’homme. Mais depuis près de sept ans que Viktor Orban est Premier ministre, il a multiplié les confrontations avec la Commission et ses partenaires de l’UE.
Malgré l’invalidation du référendum d’octobre pour manque de participation, il persiste à refuser la répartition des réfugiés entre les pays européens et il semble par ailleurs penser avoir actuellement les coudées franches, car le poids politique de la Commission européenne en Europe centrale et orientale paraît pour l’heure assez réduit. C’est ce que montre, par exemple, la difficulté que la Commission éprouve à faire revenir la Pologne sur des décisions très controversées en matière entre autres d’indépendance de la justice.
La Hongrie a déjà largement verrouillé ses frontières méridionales avec la construction d’un grillage le long de la frontière avec la Croatie et de la Serbie, sur les trajets empruntés par des milliers de migrants depuis le début de leur afflux via la Grèce et la « route des Balkans » à partir de l’été 2015.