Après avoir tenté de convaincre, en début de semaine, le président Trump de l'intérêt des Etats-Unis à échanger avec le Canada, Justin Trudeau porte maintenant son message en Europe. Pour le Premier ministre canadien, la classe moyenne des deux côtés de l'Atlantique va tirer un grand bénéfice de l'accord qui vient d'être voté. Philippe Couillard, le Premier ministre du Québec, abonde dans le même sens, relate notre correspondante à Montréal, Pascale Guéricolas. Selon lui, cette entente constitue un puissant message, qui rappelle que la voie de l'avenir, ce n'est pas le protectionnisme.
Progressivement, les marchandises européennes et canadiennes seront dispensées de droits douaniers au cours des six prochaines années. L'entente va aussi favoriser la mobilité professionnelle, en aplanissant les difficultés administratives pour ceux et celles qui veulent travailler ailleurs. L'ouverture à un marché de 500 millions de consommateurs tombe à un très bon moment pour le Canada, qui s'inquiète d'une possible fermeture des frontières américaines. Cet accord donne des ailes aux négociateurs canadiens, qui songent maintenant à solliciter les pays asiatiques pour un autre accord commercial.
La « tronche » de Trudeau n'y fera rien, pour l'eurodéputé écologiste Lamberts
Le Premier ministre libéral du Canada est attendu dans l'hémicycle strasbourgeois dans la matinée. Il s'exprimera pour la première fois devant les eurodéputés, et entend souligner « le caractère singulièrement progressiste de l'accord », « un exemple pour les futurs accords commerciaux », selon son cabinet. L'eurodéputé belge écologiste Philippe Lamberts, qui a voté contre le Ceta, n'est pas très enthousiaste à l'idée de cette venue. « Ça n'a rien à voir avec la tronche, passez-moi l'expression, de Trudeau. Ce n'est pas parce que ce type a une tête qu'on met dans Paris Match que le traité est pour autant un traité un bon traité. C'est quoi ce truc ? », lâche-t-il au micro de notre envoyée spéciale à Strasbourg, Anastasia Becchio.
« Ce traité n'a même pas été négocié par Trudeau et ses équipes. Il a été négocié par son prédécesseur Steven Harper, un climatosceptique, un néoconservateur, enfin bref, le genre de personnages à l'opposé de ce que Justin Trudeau prétend être. Mais comme maintenant, c'est le gentil Trudeau qui est Premier ministre du Canada, il faudrait signer ce truc ? Ce monsieur vient au Parlement en précisant bien qu'il ne veut en aucun cas qu'il y ait le moindre débat, même pas un tour de prise de parole des présidents de groupes politiques. Même ça, pour le brave Justin Trudeau, c'est trop », accuse-t-il. L'intéressé est prévenu, il n'arrive pas en terrain conquis.
Le Parlement européen s'est prononcé mercredi 15 février en faveur du Ceta après sept années de négociations et de rebondissements. Les eurodéputés ont fini par donner leur feu vert à ce texte de plus de 2 000 pages par 408 voix favorables. Quelque 254 eurodéputés ont voté contre, et 33 se sont abstenus. Il faut désormais obtenir la ratification des 38 Parlements nationaux et régionaux, ce qui pourrait prendre des années. En attendant, l'accord va commencer dans les semaines qui viennent à être appliqué de manière provisoire : les droits de douanes vont être levés et les marchés publics canadiens vont s'ouvrir aux entreprises européennes.