Malgré la crise, la Grèce n'oublie pas le secteur spatial

Il s'appelle le Centre national pour les applications spatiales. La Grèce veut se doter de sa propre agence spatiale, une « NASA grecque » en quelque sorte. L’annonce a fait réagir sur les réseaux sociaux la semaine dernière alors que le pays est plongé dans une crise économique.

De notre correspondante à Athènes,

Sur le réseau social de mini-messages Twitter, les critiques ont aussitôt fusé avec pour cible, le parti au pouvoir Syriza. Quelqu’un a ainsi recyclé la photo de Neil Armstrong lors des premiers pas de l’humanité sur la Lune, avec à côté de lui, non pas le drapeau des Etats-Unis, mais celui de la gauche radicale, le parti du Premier ministre grec Alexis Tsipras.

Le compte parodique « Alexis International » a quant à lui tweeté : « Nous mettons fin au chômage des astronautes », une référence au taux de chômage du pays qui tourne encore autour des 23 %. Enfin, un autre compte parodique, celui du ministre des Finances, a déclaré : « Nous arrivons en paix pour mettre en place la taxe sur la propriété sur votre planète », une référence aux augmentations d’impôts régulières. Une façon de dire, en somme, que la Grèce a d’autres problèmes à régler que de créer une agence spatiale.

Après cette salve de critiques, le ministre des Télécommunications réagit

Le ministre des Télécommunications, Nikos Pappas, a appelé à prendre la création du Centre national pour les applications spatiales au sérieux. Il ne s’agit pas pour l’Etat grec de lancer des fusées. Le secrétaire général du ministère, Vassilis Maglaras, explique que cette agence ne coûtera rien de plus, puisque la trentaine d’employés seront recrutés au sein du service public.

Leur rôle sera de connecter les différents acteurs du marché en Grèce, peu connus. Il compte environ 70 entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros par an. L’agence doit également favoriser l’utilisation de systèmes qui permettront de localiser les feux, d’applications pour l’agriculture ou encore la protection civile et politique.

Pour le gouvernement, il s’agit aussi d’exploiter des ressources inutilisées

Depuis 2003, la Grèce a le droit d’utiliser une orbite, c’est-à-dire une trajectoire sur laquelle elle peut placer des satellites. A l’heure actuelle, il y en a un. Il est exploité par la société Hellas Sat, ancienne entreprise publique - propriété d’Arab Sat depuis quatre ans.

Le contrat stipule que l’Etat grec a le droit d’utiliser trois émetteurs. C’est ce qu’il fait, notamment pour les besoins de l’armée. Mais depuis dix ans, il y en avait un qu’elle n’utilisait pas. Et sans agence spatiale, impossible de le louer, argumente-t-on au ministère. Une perte d’argent estimée à 1 million d’euros par an.

Le secrétaire général du ministère des Télécommunications, Vassilis Maglaras, explique par exemple que la télévision publique grecque est obligée d’utiliser un autre satellite. Alors qu’un deuxième va être lancé cette année, il devrait donc y avoir de nouveaux débouchés pour l’Etat grec.

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