« Kompromat », c'est la contraction en russe de « matériel compromettant », explique notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne. De tout temps, tous les services spéciaux, d'espionnage, de renseignement ont rassemblé des informations compromettantes. Ces informations peuvent être utilisées pour faire pression, voire pour pratiquer le chantage sur quelqu'un.
Le « Kompromat» a été popularisé par les films d'espionnage du temps de la Guerre froide. Dans la vraie vie, des espions ou des diplomates, ont été retournées, comme cet attaché naval britannique dans les années 50 : photographié avec un partenaire du même sexe alors que l'homosexualité était interdite au Royaume-Uni, John Vassall a ainsi été forcé de devenir l'un des plus célèbres espions du KGB en Grande-Bretagne.
En 1964, c'est au tour d'un ambassadeur français, Maurice Dejean, d'en faire les frais : des agents du KGB filment l'homme marié en plein ébats avec une jeune actrice russe, provoquant aussitôt son rappel à Paris par le général de Gaulle, qui le congédie.
En direct à la télévision
Mais les principales victimes de cette tactique sont, depuis la fin de la Guerre froide, les Russes eux-mêmes. La « guerre des kompromat » a notamment fait rage au début des années 1990, quand les oligarques russes luttaient entre eux pour le contrôle des grandes entreprises, et utilisaient leurs empires médiatiques pour se lancer les pires accusations.
Au printemps 1999, le procureur général Iouri Skouratov tombe : la télévision diffuse une vidéo, dont l'authenticité n'a jamais été prouvée, présentée comme le montrant avec des prostituées, qu'un prévenu aurait payées.
Plus récemment, c'est en politique qu’il a été popularisé : en 2010, par exemple, une certaine « Katia » séduit plusieurs opposants au Kremlin et filme en secret leurs ébats, qu'elle diffuse ensuite en ligne.
(avec AFP)