Autriche: Alexander Van der Bellen, président élu d'un pays fracturé

En Autriche, Alexander Van der Bellen, candidat soutenu par les écologistes, a été élu à la présidence dimanche 4 décembre. En mai dernier, sa victoire face au candidat d’extrême droite Norbert Hofer avait été invalidée, pour vice de forme. Alexander Van der Bellen a été élu avec 53,3% des voix contre 47% à son challenger, anti-migrants et anti-Union européenne. Une assez confortable avance donc pour un président élu qui veut refaire l'unité du pays.

Les capitales européennes étaient rassurées hier soir à l'annonce du résultat de l'élection présidentielle en Autriche. La défaite du candidat d'extrême droite (FPÖ), Norbert Hofer a aussi soulagé la fragile coalition centriste au pouvoir à Vienne et contrarié les ambitions du FPÖ, qui se projette maintenant vers les législatives de 2018 et les présidentielles de 2022.

Alexander Van der Belle, nouveau président élu, a appelé ses compatriotes à retrouver l’unité fortement entamée lors de la campagne électorale, sa priorité affichée pour les semaines et les mois qui viennent, rapporte notre envoyé spécial à Vienne, Piotr Moszynski. Car si les divisions apparues lors de la campagne électorale devaient se maintenir, l’Autriche risquerait de devenir ingérable.

Profondes divisions

Ces divisions sont vraiment profondes. On le voit bien dans le monde virtuel des réseaux sociaux mais aussi dans le monde réel. Quand vous parlez aujourd’hui avec un Autrichien, vous pouvez être à peu près sûr qu’au bout de quelques minutes il vous racontera l’histoire d’une famille ou des amis qui ne se parlent plus parce qu’ils votent différemment. On comprend très vite que le rétablissement de confiance et de compréhension mutuelles ne sera ni facile ni rapide. D’ailleurs, comme les responsables d’extrême-droite annoncent déjà qu’ils se préparent désormais à conquérir le pouvoir, le mandat d’Alexander Van der Bellen pourrait donc se transformer en une interminable campagne électorale…

Une fracture qui fait la Une de certains journaux comme le tabloïde Kronen Zeitung qui se demande si Van der Bellen sera le président de tous les Autrichiens, rapporte notre correspondant Christian Fillitz. Les électeurs ont voté contre un changement radical du système politique et contre un coup de barre à droite. Ils ont choisi un homme cool, d'un certain âge, qui est bien à sa place au Palais de La Hofburg.

Sous le titre de « Van der Bellen ne doit pas sa victoire uniquement à la prétendue élite », le quotidien Der Standard, libéral de gauche, souligne que pour la première fois un écologiste devient un chef d’Etat d’un pays d’Europe occidentale. Un signal qui dépasse l’Autriche. Van der Bellen mobilisait tous ceux qui avaient peur d’un climat où des déclarations xénophobes et antisémites deviennent de plus en plus banales, conclut Der Standard.

Pour Die Presse, journal conservateur, cette élection signifie que les choses resteront inchangées et que l’Autriche n’intéressera bientôt plus l’Europe et le monde. Mais cela risque de changer en cas de victoire de l’extrême-droite aux prochaines législatives, peut-être dès 2017. Le quotidien Kurier s’attend à une lutte de pouvoir au sein du Parti de la liberté (FPÖ), car le parti d’extrême-droite a compris que Hofer pouvait mobiliser plus d’électeurs que le numéro un du parti, Heinz-Christian Strache.

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