L'attaque a eu lieu dans les eaux internationales tout près de la limite avec les eaux libyennes. Le canot des sauveteurs était déjà aux côtés des migrants quand les hommes armés sont arrivés sur une vedette siglée des garde-côtes. « Nous avons dû reculer de quelques mètres parce qu'ils nous ont menacés, témoigne Ruby Hartbricht, porte-parole de Sea Watch. Ensuite ils sont carrément montés sur le canot et ont commencé à battre les migrants avec des bâtons, ce qui a semé la panique à bord. Des gens ont été poussés à la mer. Ils n'avaient pas de gilets de sauvetage, beaucoup ne savaient pas nager. Notre équipe a immédiatement commencé à les sortir de l'eau mais pour certains il était trop tard. »
Pression de l'UE sur les garde-côtes ?
Une hypothèse serait que les assaillants voulaient récupérer le moteur du canot. Selon l'OIM les passeurs feraient face en Libye à une pénurie de bateaux. L’ONG, elle, invoque la pression de l'UE sur les garde-côtes. « Ils sont sous pression à cause des discussions avec l'UE pour limiter le nombre de départs. Nous exigeons des explications sur ce qui s'est passé, car on voit que cela met des vies en danger », poursuit Ruby Hartbricht.
Ce n'est pas le premier incident entre les ONG et les garde-côtes. Ces dernières soulignent qu'elles ne savent pas toujours très bien à qui elles ont à faire exactement lorsqu'elles sont face à eux, en raison du chaos politique qui règne dans le pays. Fin octobre dans le cadre de l'opération anti-passeurs Sophia, l'UE commencera à former et à équiper des garde-côtes libyens pour qu'ils empêchent les départs de bateaux de migrants.