Un an après, la Russie sauveuse de la Syrie?

L'ONU va créer une commission d'enquête pour désigner les responsables de l'attaque aérienne contre un convoi humanitaire à l'ouest d'Alep le 19 septembre dernier. Le raid avait fait 18 morts et privé les habitants d'Alep d'une aide vitale, tandis que la ville, bombardée par les Russes et l'armée syrienne, subit une crise humanitaire sans précédent. Washington avait attribué la responsabilité de cette attaque aux avions russes, ce que Moscou nie farouchement. Le gouvernement russe veut imposer une toute autre lecture des événements en Syrie.

Avec notre correspondante à Moscou, Elena Volochine

Un an après le début de l'intervention en Syrie, l'opinion publique russe est plus que jamais tenue de voir cette campagne comme un acte héroïque de la part de son pays. Jamais la télévision d'Etat fédéral ne mentionne les victimes des frappes russes. En boucle, elle montre des images de quartiers sinistrés, imputant le désastre aux rebelles soutenus par l'Occident.

La Russie jamais coupable, mais qui veut aider les Syriens, seule contre tous : c'est la ligne officielle de Moscou, qu'elle tente aussi d'imposer sur la scène internationale.

L'ennemi assumé : les Etats-Unis. Et depuis l'échec de la trêve et l'offensive à Alep, les diplomates russes ont durci leur rhétorique. Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov va désormais jusqu'à ouvertement accuser Washington de soutenir les terroristes syriens.

La Russie se dit néanmoins prête au dialogue, mais elle n'est clairement pas prête au compromis sur le plan militaire. Sa volonté, elle veut l'imposer par les armes tout en s'asseyant à la table des négociations.


A Alep, les raids laissent place à des offensives terrestres

Reprendre Alep coûte que coûte. Le régime de Bachar el-Assad et son allié russe sont déterminés à reconquérir la deuxième ville de Syrie. Après des bombardements plus que jamais intenses ces derniers jours, les forces de Bachar el-Assad mènent actuellement plusieurs opérations au sol contre les quartiers rebelles d’Alep. Sur les réseaux sociaux, le hashtag Holocauste Alep a vu le jour.

« Les bombardements se poursuivent tous les jours dans la région d’Alep, mais depuis jeudi nous constatons que les frappes sont moins intenses, témoigne depuis Alep Abou el Haythem el Hour, militant de l’opposition contacté par RFI. La fréquence des bombardements a baissé, mais les raids laissent placent désormais à des offensives terrestres. Il y a de plus en plus d’accrochages sur les différents fronts. Le régime tente d’avancer par plusieurs fronts et notamment le front de Handarat (au nord de la ville). Les forces du régime ont d’ailleurs pris l’avantage dans ce quartier. En revanche, les rebelles ont réussi à les repousser au niveau de la société de gestion des eaux d’Alep (primordiale pour l’alimentation en eau). Certains combattants du régime ont perdu la vie et deux autres ont été capturés. Tous les jours, les rebelles doivent faire face à ces tentatives d’incursion du régime. »

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