Avec notre correspondant au Vatican, Olivier Bonnel
« C’est une grande émotion pour moi de vous rencontrer, vous qui souffrez dans votre corps ou dans votre âme parce qu’un soir de fête la violence vous a frappés aveuglément, vous ou l’un de vos proches, sans considération d’origine ou de religion », a-t-il lancé aux familles des victimes. Le pape a souhaité partager leur peine affirmant qu’il priait pour les personnes parfois atrocement mutilées, et celles encore hospitalisées.
« Le drame qu’a connu la ville de Nice, a-t-il poursuivi, a suscité, de toutes parts, de belles initiatives de solidarité et d’accompagnement » et face aux différents représentants de communautés religieuses venues au Vatican, François s’est réjoui de voir qu’à Nice les relations interreligieuses sont bien vivantes.
« Conversion du coeur »
Dans son discours, il a aussi invité à « une authentique conversion du cœur » alors que la tentation de se replier sur soi-même, ou bien de répondre à la haine par la haine et à la violence par la violence est grande. « L’établissement d’un dialogue sincère et de relations fraternelles entre tous, en particulier entre ceux qui confessent un Dieu unique et miséricordieux, est une urgente priorité », a t-il rappelé.
Un réconfort pour les Niçois
Une rencontre apaisante, qui redonne de la force, qui montre qu’il ne faut pas dresser de barrières entre les religions. En sortant de leur audience avec le pape François, les Niçois étaient partagés entre douleur des souvenirs ravivés et volonté d’aller de l’avant.
Face à la difficulté de se reconstruire après l’attentat terroriste, cette visite au Vatican était pour beaucoup importante. « C’est réconfortant qu’on puisse encore rassembler, qu’on puisse encore vivre ensemble. C’est un événement, à mon sens, qui devrait être renouvelé parce que les gens n'ont pas envie d'être oubliés. Nous avons besoin d’être réconfortés par ce genre d’événement », souligne Abdallah qui marche toujours avec des béquilles, il était sur la promenade des Anglais le soir du 14 juillet.
Dans un silence impressionnant le pape François a salué un à un les proches éprouvés. Son appel à approfondir le dialogue entre croyants a touché, en particulier la communauté musulmane, dont une importante délégation était présente. Otmane Aïssaoui est l’imam de la grande mosquée de Nice. Il a apprécié que « tous les représentants étaient là, de n’importe quelle couleur et quelle que soit la confession ». Pour lui « il ne faut pas baisser les bras, il ne faut pas donner à l’autre, à celui qui porte la haine malheureusement une raison de nous persécuter où à chercher à nous atteindre. »
Pour remercier le souverain pontife de les avoirs reçus au Vatican, les Niçois lui ont offert 86 œillets, en hommage aux 86 personnes fauchées le soir du 14 juillet.