Il était 22h50 lorsque la puissante explosion a secoué tout le centre-ville. L'attentat à la bombe a eu lieu dans le centre-ville de Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, à une soixantaine de kilomètres de la frontière syrienne. Il a touché un mariage qui se déroulait en plein air d'où la présence de nombreuses familles, femmes et enfants parmi les victimes, rapporte notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette.
Une veste chargée d'explosifs
Selon une agence de presse locale, le kamikaze s'est mêlé aux invités avant d'actionner sa charge à la fin des festivités. Les restes d'une veste d'explosifs ont été retrouvés sur les lieux, a annoncé le parquet. Le président Erdogan a annoncé à la mi-journée que l'auteur de l'attentat était un enfant de 12-14 ans. Les forces de sécurité recherchent deux personnes qui l'accompagnaient et se sont enfuies après l'attaque.
Les mariés étaient originaires d'une région située plus à l'est mais, selon une agence de presse locale, la fête aurait été déplacée dans la ville de Gaziantep en raison des violences qui opposent dans cette région les rebelles du PKK aux forces de sécurité gouvernementales.
La communauté kurde visée
L'attentat n'a pas encore été revendiqué mais, selon le président Recep Tayyip Erdogan, le groupe Etat Islamique est probablement à l'origine de ce nouveau massacre. Il a évoqué dans la nuit la piste « probable » de l'Etat islamique et puisque l'attentat a eu lieu dans un quartier à majorité kurde, l'hypothèse d'une action du PKK semble en effet invraisemblable.
L'Etat islamique n'a jamais revendiqué officiellement encore les attentats qui lui ont été attribué, sur le sol turc mais il a été accusé à plusieurs reprises par le passé d'avoir ciblé la communauté kurde de Turquie. Ce fut le cas en octobre dernier à Ankara, où plus de 90 personnes avaient été tuées durant un « rassemblement pour la paix » organisé à l'initiative à l’appel de partis politiques et d'organisations syndicales de gauche, dont le mouvement pro-kurde Parti démocratique des peuples (HDP).
Gaziantep, un point de passage pour les jihadistes
Cet attentat à Gaziantep a lieu quelques heures après que le Premier ministre turc a annoncé qu'Ankara allait s'impliquer davantage sur le dossier syrien. Gaziantep se trouve juste au nord de la frontière syrienne et est devenu un point de passage de très nombreux réfugiés syriens fuyant la guerre dans leur pays. Mais la zone abriterait en dehors des réfugiés et des militants de l'opposition une présence significative de jihadistes.
Une journaliste présente sur place rappelle que l'organisation Etat islamique, présente de l'autre côté de la frontière, dispose d'un certain nombre de partisans à Gaziantep.
Ce nouvel attentat atttribué au groupe Etat islamique est aussi meurtrier que celui qui avait frappé l'aéroport d'Istanbul en juin dernier, également attribué à l'EI. 47 personnes, dont de nombreux étrangers, avaient perdu la vie dans ce triple attentat-suicide à l'aéroport international Atatürk.