Avec notre envoyé spécial à Istanbul, Daniel Vallot
Vendredi soir, lorsque la tentative de coup d’Etat a débuté, Ahmet se trouvait dans la rue Istiklal, la plus commerçante et la plus fréquentée de la ville. Comme la plupart des habitants d’Istanbul, cet enseignant de 26 ans a d’abord pensé à se mettre à l’abri pour échapper aux violences.
« J’étais ici près de la place Taksim, raconte-t-il. Il y a eu une bagarre, c’était le chaos. Alors je suis rentré chez moi. On entendait les F16 qui volaient très bas, et qui faisaient un bruit effroyable. A un moment, j’ai cru qu’on allait y passer alors j’ai appelé mes parents pour leur dire adieu ». « C’est sûr, conclut-il, cette nuit-là va rester gravée dans nos mémoires ».
Soulagement et inquiétude
A Istanbul, chacun se souvient avec précision de ce qu’il faisait lorsque le coup d’Etat a débuté. Mahmut était lui devant sa télévision, d'où il a assisté à l’échec des putschistes. « Ce coup d’Etat, c’était une connerie, et pas autre chose ! s'exclame-t-il. Tu ne peux pas tenter un coup d’Etat avec cinq soldats et trois blindés… Le peuple turc est plus fort que ça. Le peuple turc est toujours uni, quand il s’agit de la nation ».
A Istanbul, la majorité des habitants se dit soulagée par l’échec du coup d’Etat militaire. Mais les opinions divergent sur la suite des évènements. Les partisans du président Erdogan saluent les arrestations de masse qui ont eu lieu ces derniers jours. Les autres s’inquiètent en revanche d’une possible dérive autoritaire du président turc.