Pourquoi les bourses s'effondrent après le Brexit?

Les bourses ont plongé dès leurs ouvertures suite à l’annonce des résultats du référendum en faveur du Brexit au Royaume-Uni. Le CAC 40 a perdu près de 10%, tout comme Francfort, Madrid et Milan. L'un des plus gros chocs sur les marchés selon des analystes financiers.

Les investisseurs ont perdu leurs paris. Depuis plusieurs jours, ils pronostiquaient un maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne (UE). Mais les électeurs britanniques en ont décidé autrement, provoquant un vent de panique sur les marchés financiers ce matin. Certains spécialistes parlent de « black friday » (vendredi noir) pour les bourses.

Au cœur de ce mouvement, le principe de l'effet boule de neige. Mode d’emploi : les investisseurs influents sont inquiets des conséquences économiques du Brexit. Ils vendent alors en catastrophe des milliards d'actions, de peur qu'elles perdent leur valeur. Les cours commencent alors à dégringoler, car il y a une surabondance d'offres d'actions. Et en face, personne pour les acheter. De leurs côtés, les plus petits investisseurs vident aussi leurs portefeuilles de titres.

Des chiffres historiques

L'onde de choc est donc générale sur toutes les places européennes, mais aussi en Asie, premières à réagir ce matin. Au Japon, où la Bourse de Tokyo clôturait ce matin en même temps que l'annonce des résultats, le Nikkei a subi un repli de près de 8%.

A Paris et à Francfort, les Bourses dévissaient de 10%. Les valeurs bancaires sont les plus touchées, jusqu'à moins 30% pour certaines grandes enseignes britanniques. A 10 heures, BNP Paribas perdait 17%, Société Générale 24,85%, et Crédit Agricole SA et Natixis 15 %.

La livre sterling a connu sa pire chute de valeur depuis 1985: moins 10% en six heures. Les investisseurs ont privilégié les valeurs refuges comme l'or, le yen japonais ou bien le marché obligataire.

Comment faire face à la dégringolade ?

Alors dans cette panique, les banques centrales essaient de rassurer pour limiter l’impact sur les marchés. Elles annoncent des injections massives de dizaines de milliards d'euros, de yens. La banque d'Angleterre promet un chèque de 250 milliards de livres.

La première mesure prise, explique Bruno Colmant, l'ancien patron de la Bourse de Bruxelles, c'est de fournir aux banques des liquidités : « Aujourd'hui, et c'était d'ailleurs tout à fait anticipé, les gens vendent des livres sterling pour acheter d’autres devises, - puisque quand on vend une devise il faut bien en acheter une autre. L’actif maintenant refuge, c’est le dollar, ce n’est pas tellement l’euro et donc les banques centrales s’étaient préparées à inonder le marché de dollars pour répondre à cette demande de dollars émanant de personnes qui avaient vendu des livres sterling. Dans l’urgence, les banques centrales doivent de manière synchrone apporter des liquidités à l’économie. C’est ce qui est en train d’être fait. C’était d’ailleurs prévisible. »

Depuis 2013, les six plus grandes banques centrales mondiales - la Banque centrale européenne (BCE), celle du Japon, de l'Angleterre, de la Suisse, du Canada et de la Fed américaine - se sont engagées à se fournir mutuellement des liquidités en cas de turbulences financières pour garantir la stabilité des devises, y compris aujourd’hui de la livre sterling.

L'impact du Brexit ne sera vraiment mesurable que dans plusieurs jours, selon l'Association bancaire internationale.

« Il ne faut pas tirer les conséquences disproportionnées des mouvements du début et de la fin de séance de Bourse qui pourrait être amplifiée par l’ouverture aux Etats-Unis », explique Stéphane Boujnah, le président d’Euronext qui regroupe les bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne. « L’Europe et la zone euro sont des zones de stabilité par rapport à des autres grandes zones d’investissements sur la planète. Un certain nombre d’investisseurs du reste du monde regarde l’Europe comme étant un excellent rapport entre risques et rendements », conclut le financier.

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