Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
La loi de 2013, en sous-entendant que l'homosexualité était un choix pervers, a libéré la parole hostile aux homosexuels, engendrant haine et rejet, comme en témoigne ce lycéen : « Pendant l'année scolaire, quand je passais dans le couloir pour aller à la cantine, ou pour en revenir, les autres lançaient de la petite monnaie dans ma direction. Ils se mettaient à plusieurs près de la fenêtre et m'insultaient, me traitaient de " pédé ". Bien entendu, pour moi, cette année-là, il n'a plus été question d'études. »
Le rejet, ou pour le moins l’incompréhension, vient souvent des proches, auprès desquels l'adolescent n'ose donc pas se confier. Ces enfants, qui ne sont pas censés exister, ont alors trouvé un réconfort auprès de l'association Enfant 404 présente sur internet, sur les réseaux sociaux, et joignable également par téléphone.
Groupe fermé, site menacé
« Nous avons une équipe d'une dizaine de psychologues, qui travaillent avec nous gratuitement, explique Elena Klimova, la fondatrice d’Enfants 404. Parce que sinon, les jeunes ne trouvent personne à qui s'adresser. » Beaucoup de lettres témoignent que l'association a sauvé de nombreuses vies.
Mais la loi sur la propagande homosexuelle menace sa survie. Un tribunal local a déjà obtenu le blocage du groupe sur VKontakte, le Facebook russe, qui comptait 75 000 membres. Un autre tribunal vient d'ordonner la fermeture du site. L'association a fait appel, mais elle a peu d'espoir.