Royaume-Uni: Cameron organise une grand-messe anti-corruption

Un mois après les « Panama Papers », le Premier ministre britannique David Cameron organise jeudi 12 mai à Londres un sommet, avec pour objectif de lancer une offensive internationale contre la corruption.

Avec notre correspondante à Londres,  Muriel Delcroix

Les représentants d'une quarantaine de pays ont fait le déplacement au Royaume-Uni, notamment de ceux fortement touchés par la corruption, comme le président afghan Ashraf Ghani, ou son homologue nigérian Muhammadu Buhari.

Ces deux derniers ne semblent pas avoir tenu rigueur à leur hôte, après la gaffe diplomatique qu'il a commise mercredi. Cameron avait qualifié ces deux pays d'« extraordinairement corrompus ».

Le premier ministre sait que beaucoup doutent de l’efficacité réelle de ce sommet, grand rendez-vous médiatique d’une seule journée, auquel n’ont d’ailleurs pas été conviés le Panama, les îles Vierges ou encore la Fifa, tous les trois au centre de controverses sur l’évasion fiscale et la corruption.

Prêt à balayer devant sa porte

Le chef du gouvernement britannique dit vouloir initier un mouvement décisif contre ce qu’il appelle un « cancer » que le monde ne peut plus ignorer. Il entend montrer que l'effort doit être international, et que le Royaume-Uni est prêt à balayer devant sa propre porte.

Avant même l'ouverture du sommet, David Cameron a dévoilé un train de mesures destinées à faire le ménage dans son propre pays, en s'attaquant en premier lieu au marché de l'immobilier londonien, devenu selon certains une véritable machine à laver l'argent sale.

Sous l’intense pression des ONG et militants anti-corruption, le Premier ministre conservateur a ainsi annoncé que les compagnies étrangères qui détiennent ou veulent acquérir des propriétés au Royaume-Uni seront désormais forcées de révéler le nom du réel propriétaire.

Les Britanniques sous pression

Cela signifie que les individus et les pays corrompus ne seront plus en mesure de faire transiter, de blanchir et de cacher de l'argent sale à travers le marché immobilier londonien. Les ONG ont salué un pas en avant, tout en regrettant que les paradis fiscaux s’en sortent à bon compte.

Dans son sillage, la France, les Pays-Bas, le Nigeria et l'Afghanistan s'engageront eux aussi à lancer leur propre registre public des bénéficiaires cachés derrière d'éventuelles sociétés-écrans.

Mais Londres est également sous pression pour rendre plus vertueux les territoires d'outre-mer britanniques, comme Jersey, les Bermudes, les îles Caïman et les îles Vierges.

Un centre de coordination internationale

Le gouvernement britannique a aussi annoncé la mise en place d'un échange automatique d'informations avec 33 pays et certains de ses territoires outre-mer et des dépendances de la Couronne.

Quarante juridictions, dont des dépendances de la Couronne, ont accepté de partager leurs informations sur l'identité des propriétaires effectifs des entreprises implantées sur leur territoire. Mais on sait déjà que les îles Caïman et Vierges n’y participeront pas.

Enfin, la Grande-Bretagne va créer le tout premier centre de coordination internationale anti-corruption. Basée à Londres, en partenariat avec notamment les Etats-Unis, le Canada, la Suisse et Interpol, il aidera à traquer et punir par delà les frontières les élites corrompues et recouvrer les avoirs volés.

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