Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
La campagne qui débute sera rude. En cause : celle-ci bouleverse les clivages politiques habituels. Tous les partis politiques peinent non seulement à parler d'une seule voix, mais aussi à convaincre leurs électeurs de soutenir leur point de vue. Seule exception : l'Ukip, dont la raison d'être, au départ, est précisément la sortie de l'UE.
Les difficultés les plus criantes se font sentir au sein du Parti conservateur au pouvoir : le premier ministre David Cameron voit son parti se déchirer sur la question du « Brexit ». Cinq de ses ministres, ainsi que le turbulent maire de Londres Boris Johnson, ont d'ailleurs rejoint les partisans d'une sortie de l’UE.
→ À relire : L'ex-eurosceptique Corbyn expose les intérêts du maintien dans l'UE
Même si l'adversaire travailliste du Premier ministre, Jeremy Corbyn, a pris tardivement fait et cause jeudi 14 avril en faveur du maintien, le Premier ministre se heurte lui aussi aux réticences d'une partie des députés du Labour.
Si bien que les deux groupes de campagne officiellement nommés par la Commission électorale s'avèrent très hétéroclites, que ce soit la campagne « Stronger in Europe » (le Royaume-Uni « plus fort en Europe ») menée par l'ancien patron de Marks & Spencer, ou « Vote Leave » (« Votez pour partir »), soutenue par Boris Johnson et à laquelle vient de se rallier le chef de l’Ukip, Nigel Farage.
Peut-on se fier aux sondages ?
Même si les politiques et l'opinion publique se montrent très prudents face aux enquêtes publiées régulièrement depuis les élections législatives de l'an dernier, pour lesquelles les instituts de sondages s'étaient largement trompés, tout le monde surveille l'évolution des intentions de vote du 23 juin prochain.
Les deux camps sont au coude-à-coude. Mais la large part d'indécis pourrait faire basculer le référendum d'un côté ou de l'autre. Pour les convaincre, les deux campagnes officielles peuvent désormais dépenser jusqu'à 9 millions d'euros. Celles-ci pourront prospecter par e-mail, avoir accès à des spots télévisés et à 750 000 euros de fonds publics.