Six personnes ont été interpellées, vendredi 8 avril en Belgique, dans le cadre des enquêtes sur les attentats de Paris et Bruxelles. Parmi elles, Mohamed Abrini, l’un des principaux suspects des tueries parisiennes. Ces hommes sont entre les mains de la justice belge et on s'attend à ce que la France formule une demande de transfèrement, à l'image de ce qui s'est passé pour Salah Abdeslam, le seul survivant des commandos qui ont ensanglanté la capitale française, le 13 novembre dernier.
L'identité des autres personnes interpellées vendredi n'est pas confirmée et pour le moment, les enquêteurs semblent davantage les lier aux attaques de Bruxelles qu'à celles de Paris. Mohamed Abrini était lui le dernier suspect identifié des attaques de Paris et Saint-Denis. Le parquet de Paris devrait donc demander son transfèrement en France dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen.
La procédure permet une étude rapide du dossier, plus hâtive que dans le cadre d'une extradition classique. Il n'y a en effet pas besoin d'une approbation par les autorités politiques, seule la justice est amenée à se prononcer. Les accords européens prévoient un transfèrement dans un délai de trois mois maximum.
Le cas Mehdi Nemmouche
Comment dans ces conditions permettre aux enquêteurs des deux côtés de la frontière de travailler et d’interroger des suspects impliqués dans des actes commis à la fois en France et en Belgique ? C’est toute la difficulté de cette procédure.
Dans le cas de Mehdi Nemmouche, l'auteur présumé de l'attentat du musée juif de Bruxelles interpellé à Marseille, les autorités françaises avaient rapidement accepté son transfèrement. Mais il était recherché en Belgique pour la mort de quatre personnes alors qu’en France, son principal délit était la détention illégale d'armes. La procédure belge avait donc primé.
« Intérêt légitime » de la justice belge
Il n'est pas certain que ce soit le même scénario en sens inverse avec Salah Abdeslam et Mohamed Abrini. Car tous deux sont certes réclamés par la France pour faire le point sur leur rôle dans les attentats du 13 novembre, mais ils pourraient aussi être liés à ceux de Bruxelles du 22 mars. Et il y a « un intérêt légitime » de la justice belge à les entendre. Or, cet intérêt peut prévaloir sur le mandat d'arrêt européen, ce qui retarderait le transfèrement.
C'est précisément ce qui inquiète Samia Maktouf. L’avocate d'une quinzaine de familles de victimes des attentats parisiens fait valoir l'ordre chronologique des faits, pour demander le transfèrement rapide de Salah Abdeslam et de Mohamed Abrini en France.
A ses yeux, la coopération judiciaire européenne permettrait à des magistrats belges de venir entendre en France les deux suspects sur leur possible implication dans les attentats de Bruxelles. Mais il n'est pas impossible que la justice d'outre-Quiévrain veuille terminer – ou tout du moins avancer – l'investigation sur les attentats de Bruxelles avant de transférer les deux détenus à la France.