Le scandale des « Panama Papers » a une résonnance particulièrement forte en Islande, pays qui a entretenu des excès financiers dans les années 2000, avant de faire naufrage lors de la crise de 2008. C'est d'ailleurs cet épisode qui avait porté au pouvoir Sigmundur David Gunnlaugsson.
A l'origine, il s'agissait d'un journaliste de télévision. Mais en 2008, il est devenu l'un des chefs de file d'In Defence. Ce groupe rassemblait ceux qui, en Islande, s'opposaient à un accord avec Londres sur l'indemnisation des épargnants britanniques dont les économies s'étaient envolées avec la faillite de la banque Icesave.
Député de Reykjavik entre 2009 et 2013, Gunnlaugson a ensuite été réélu dans le nord du pays, avant de devenir Premier ministre, prenant également, un peu plus tard, le portefeuille de la Justice au sein de son équipe. Fait marquant de son règne : en 2015, son gouvernement a suspendu la candidature de l'Islande à l'Union européenne.
Ce Premier ministre a longtemps représenté une nouvelle génération de dirigeants en Islande, à la fois plus vertueux et déterminés à rompre avec les pratiques douteuses qui avaient conduit à la faillite des banques et à l'endettement des ménages islandais.
Le Premier ministre semble rechigner à démissionner
Aujourd'hui, Sigmundur David Gunnalugsson est donc accusé par ses électeurs d'avoir rompu le contrat moral qui les liait. En effet, selon le rapport publié par le Consortium international des journalistes, il a placé avec sa femme Anna des millions de dollars dans une société-écran enregistrée aux îles Vierges britanniques.
Dès lundi soir, plusieurs milliers d'Islandais se sont réunis devant le Parlement de Reykjavik. L'opposition de gauche a très vite réagi, en déposant une motion de censure. Le président islandais a par la suite refusé la proposition du Premier ministre, qui avait demandé une dissolution du Parlement pour contre-attaquer.
Alors que Sigmundur David Gunnlaugsson avait assuré, dès la publication d'informations le concernant, qu'il n'entendait pas démissionner, l'impasse a finalement conduit Sigurdur Ingi Johannsson, vice-président du Parti du progrès (au pouvoir), à annoncer que le Premier ministre jetait l'éponge.
Mais les services du Premier ministre ont entretenu la confusion mardi, en indiquant que M. Gunnlaugsson n'avait pas démissionné, contrairement à ce qui avait été annoncé, mais s'était « provisoirement » mis en retrait. Sur le fond, qu'est-ce que cela change ? On ignore pour l'instant s'il va y avoir ou non des élections anticipées.