C'était l'un des derniers survivants des camps. A la réception de son prix Nobel, l'écrivain avait d'ailleurs déclaré que c'était peut-être la clé de son histoire : « Etre mort une fois pour continuer à vivre. »
Né le 9 novembre 1929 à Budapest, Imre Kertesz, un nom qui signifie « jardinier » en hongrois, est déporté à l'âge de 15 ans. A son retour, il apprend que sa famille a été exterminée et qu'il est tout seul. Devenu journaliste, il survit en écrivant aussi des comédies musicales.
En 1960, il commence son grand roman qu'il mettra 13 ans à finir et paru sous le titre Être sans destin, où il tente par l'invention littéraire de décrire l'univers concentrationnaire. Suivront d'autres textes majeurs comme Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas, ou encore Liquidation et Refus. Autant d'ouvrages où l'écriture apparaît comme chemin de survie pour surmonter la tragédie de la Shoah.
Dans l'un de ses derniers livres, intitulé L'Holocauste comme culture, il avait eu cette formule saisissante : « J'ai donné forme à l'horreur que l'Allemagne a déversée sur le monde, que j'ai rendue aux Allemands sous forme d'art. » Un art au service duquel il a consacré toute sa vie avec modestie et humilité.