Avec notre correspondant à Rio de Janeiro, François Cardona
La présidente dispose de très peu de temps pour recomposer sa coalition. Car les députés doivent se réunir mi-avril pour voter en faveur, ou non, de la destitution de Dilma Rousseff. Sa position est devenue très précaire. Son parti,le PT, a lancé une opération séduction pour tenter de rallier les députés indécis.
Objectif : les convaincre de rejoindre la coalition gouvernementale, en leur proposant des portefeuilles ministériels. Ce marchandage politique est monnaie courante au Brésil, explique le professeur Hervé Théry, à São Paulo : « Les postes ministériels et les directions, jusqu'à assez bas dans la hiérarchie, sont distribués politiquement. On ne nomme pas les gens aux hauts échelons de l'Etat et des organismes publics sur leurs mérites, mais parce qu'ils ont été recommandés par tel ou tel ministre, député ou sénateur. Et donc le PMDB vient de donner l'ordre aux gens qui ont été nommés par sa recommandation de s'en aller. Ce qui va plonger le pays, l'administration, dans le chaos et on mettra d'autres gens, eux aussi recommandés. C'est le coeur du système politique brésilien qui a créé toutes les difficultés. »
En ligne de mire de ces tractations : les membres du PP de centre-droit, troisième formation parlementaire avec 49 députés. Mais aussi le PSD, de centre-gauche. Tous deux encore divisés entre pro et anti-destitution.
Aécio Neves soutiendrait une transition
Les prochaines semaines vont être cruciales pour Dilma Rousseff. A cause de la crise politique actuelle, elle a dû annuler un déplacement aux Etats-Unis. Le scandale de corruption Petrobras a largement achevé de miner sa popularité.
Elle ne dispose que de 10% d’opinion favorable dans la population. Et près de 68% des Brésiliens disent vouloir son départ de la présidence.
L’opposition est en embuscade. Aécio Neves, le candidat de droite, vaincu par Dilma Rousseff lors de la dernière élection présidentielle, se dit déjà prêt à soutenir un éventuel gouvernement de transition.