Procès Savtchenko: la politique supplante la justice selon la presse russe

La pilote ukrainienne faite prisonnière par les Russes dans l'est du pays a été condamnée à 22 ans de prison, reconnue coupable de la mort de deux journalistes russes en juin 2014. Selon la défense, Nadia Savtchenko se trouvait déjà aux mains des rebelles ukrainiens au moment du meurtre, et elle était dans l'impossibilité d'y participer. Mais dans cette affaire, la politique a pris le pas sur la justice. Selon la presse russe du mercredi 23 mars, il n'y a qu'au niveau politique que cette situation pourra se régler.

Avec notre correspondante à Moscou,  Muriel Pomponne

Les journaux sont d’accord avec les avocats de Nadia Savchenko : l'affaire est désormais dans l'agenda des diplomates. Le ministre allemand des Affaires étrangères, qui arrive à Moscou le mercredi 23 mars, le confirme dans une interview reprise par le journal RBK.

Toute la presse cite les propos du porte-parole du Kremlin : « La partie russe agira en stricte conformité avec la législation nationale. Pour le reste, il n'y a que le président qui peut prendre une décision. »

Dans ce procès « honteux et ridicule » comme le qualifie le journal Novaya Gazeta, le verdict n’est en fait que le top départ d’une affaire de marchandage politique avec l’Ukraine et les pays occidentaux, souligne le quotidien économique Vedomosti.

Un échange de prisonniers

Russie Ouverte rappelle qu’il ne faudrait pas oublier les autres condamnés comme la réalisatrice Oleg Sentsov et son ami Alexandre Koltchenko. Le président ukrainien Porochenko a souligné que les accords de Minsk prévoient un échange de prisonniers, sous la forme « Tous contre tous ».

La Russie ne veut pas détériorer un peu plus ses relations avec l’occident, alors elle est prête à négocier, dit encore Vedomosti. Tout n’est qu’une question de prix. Mais avec le niveau de la peine, la mise de départ est élevée. La seule libération des militaires russes ne suffira peut-être pas. Des concessions politiques pourraient être exigées.
 

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