Attentats de Bruxelles: la Belgique frappée au cœur par le groupe EI

Quatre mois après les attentats de Paris, la Belgique a été à son tour visée par des attentats ce mardi 22 mars 2016, déclenchant à nouveau effroi et stupeur dans le monde. « Nous redoutions un attentat et c'est arrivé », a réagi le Premier ministre belge Charles Michel. Le groupe EI a revendiqué cette série d'attaques qui ont fait au moins 34 morts.

Le groupe Etat islamique revendique la série d'attentats

Dans un bref communiqué diffusé par son agence de presse Amaq, chargée de sa communication militaire, le groupe Etat islamique a revendiqué le double attentat de Bruxelles ce mardi 22 mars.

Le premier texte, écrit en anglais, affirme que ce double attentat contre l'aéroport et la station de métro de Maelbeek a été mené en représailles contre l'implication de la Belgique dans la coalition occidentale en Irak. Ce communiqué confirme que des jihadistes de l'EI ont ouvert le feu à l'intérieur de l'aéroport avant d'actionner leurs explosifs.

Quelques minutes après l'explosion dans la station Maelbeek, diffusion sur internet d'un deuxième communiqué officiel de l'EI en français et en arabe intitulé « expédition bénie contre la Belgique croisée ». L'EI précise que sa « cellule secrète » est passée à l'action à l'aide de ceintures explosives mais aussi de bombes et de fusils mitrailleurs dans des lieux « choisis avec précision ». Objectif : « tuer le plus grand nombre de croisés ». L'EI termine en promettant des « jours sombres » à tous les pays qui sont alliés contre l'Etat islamique.

En début de soirée, le parquet fédéral belge a annoncé la découverte d'un engin explosif contenant des clous, de produits chimiques et d'un drapeau de l'EI lors de perquisitions dans le quartier de Schaerbeek.

Ces attentats interviennent quatre jours après la capture de Salah Abdeslam, qui avait participé aux attentats jihadistes du 13 novembre à Paris. Ils ont « probablement été préparés avant l'arrestation de Salah Abdeslam. Ce genre d'opération demande des délais », explique David Thomson, journaliste spécialiste des réseaux jihadistes à RFI. Néanmoins, cette arrestation « a peut-être été le déclencheur » des attentats de ce mardi, précise-t-il.

Pourquoi la Belgique a-t-elle été visée ?

« Les pays les plus visés par des attentats sont les pays qui participent activement à la coalition internationale et qui comptent un certain nombre de ressortissants dans les rangs de l'Etat islamique », poursuit David Thomson. La Belgique, est de ce fait en première ligne. En effet, le pays est un vieux foyer jihadiste et compte le nombre de ressortissants des Etats membres de l'UE le plus important au sein du groupe Etat islamique et parmi les rangs de la branche syrienne d'al-Qaïda, le Front al-Nosra. « Dans les années 90, c'est là qu'étaient basées de nombreuses cellules, notamment tunisiennes, qui ont mené l'assassinat du commandant Massoud, et qui a lancé de manière globale, le jihad, à l'époque du 11 septembre 2001 ».

Les moyens des autorités belges sont-ils suffisants ?

« Les moyens dont disposent les autorités belges ou européo-belges ne sont pas  à la hauteur des moyens dont dispose la République française», souligne Yves Bonnet, ancien patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST), interrogé sur RFI. Depuis la capture de Salah Abdeslam vendredi 18 mars, après 4 mois de cavale, les questions concernant l'efficacité des services belges se succèdent et notamment celle de failles éventuelles dans la collaboration avec les services français. « Tout le dispositif défensif reste insuffisant face à la détermination de gens qui de toutes façons ont l’initiative », martèle Yves Bonnet.

Selon Didier Leroy, chercheur à l'Ecole royale militaire de Belgique et à l'Université libre de Bruxelles, « il y a approximativement 1000 individus qui figurent sur la liste des

citoyens potentiellement dangereux en lien avec cette problématique. Il est donc humainement impossible de procéder à un monitoring permanent de tous ces individus qui sont déjà repérés et suivis d'une manière ou d'une autre. Aucun dispositif de sécurité ou de renseignement n'est optimal. Si c'était le cas, le plan Vigipirate aurait fait ses preuves en France. Or les attentats de 2015 en France ont bien montré que des brèches ont été trouvées. C'est ce qui s'est produit en Belgique et c'est ce qui peut se produire partout sur la planète, y compris dans des sociétés ultra-sécurisées comme les sociétés américaines, israéliennes, etc. »

Néanmoins, pondère l'analyste, « la récente arrestation de Salah Abdeslam et la neutralisation de certains de ses complices suggèrent que le travail fourni par les forces de sécurité ont produit de nombreux fruits. »

Partager :