Pour le vigneron sicilien Francesco Spadafora, le problème est général, et « pas uniquement en Sicile ». « Je n’ai pas d’ennuis avec les fortes chaleurs qui règnent sur l’île. Ce qui est compliqué pour moi, ce sont désormais les variations de températures au sein d’une même saison. On a eu de gros orages l’été, habituellement une saison très sèche. C’est pénalisant pour le travail dans les vignobles et pour les vendanges qui débutent tôt en août ».
Dans le domaine Tasca d’Almerita, on fait le même constat. Giuseppe Macarone, l’ingénieur agronome du domaine estime qu’à l’heure actuelle il n’y a pas de problèmes concernant les températures. « Nous sommes déjà dans un climat pauvre en eau et chaud par nature. Ce que l’on constate, par contre, c’est qu’il y a un changement radical des précipitations au centre de la Sicile. Jusqu’à un passé récent, la saison des pluies se trouvait en hiver ; aujourd’hui, l’eau tombe de plus en plus intensément en été… On dirait presque un climat de mousson ! Cela se répercute effectivement sur les vignes et sur la manière que nous avons de les traiter ». « Au printemps, nous devons parfois avancer l’irrigation », conclut M. Macarone.
« Paroxysmes »
De son côté, Marilena Barbera, qui dirige la Cantina Barbera, s’inquiète pour les « variétés internationales » qui ont été implantées, comme le chardonnay, dans le vignoble sicilien : « L'été 2015, les températures sont montées jusqu’à 53° dans les vignes. Des températures quasi insupportables pour une plante peu habituée à ces extrêmes ». Elle voit, de plus, « une évolution dans l’organisation des saisons. Nous avons été étonnés de vivre un hiver sans pluies. S’il y a vraiment un changement climatique, il se vérifie chez nous par des paroxysmes, des températures hautes au cours des saisons fraîches ». Pour elle, « le vigneron d’aujourd’hui doit s’adapter en temps réel et en fonction de chaque parcelle, ce qui complique notre travail ».
Au domaine de l’Abbazia Santa Anastasia, Giuseppe Campisi ressent l’urgence d’une réflexion dans ce domaine : « Si la nature saura, in fine, trouver son équilibre, le coût de l’adaptation pour l’humanité risque d’être très élevé. Ce sont peut-être les variétés de vignes les plus anciennes qui permettront cette adaptation ».