Avec notre correspondant à Kiev, Sébastien Gobert
Quelques banderoles, des photos de Nadia Savchenko, et des appels à sa libération immédiate : la mobilisation était simple, et symbolique à Kiev ce dimanche 6 mars. Peu d’Ukrainiens ont espoir que la pilote de l’armée de l’air ukrainienne puisse être libérée par les autorités russes. Nadia Savtchenko a été arrêtée en juillet 2014 dans l’est de l’Ukraine, au plus fort du conflit du Donbass. Elle est accusée d’avoir dirigé des tirs d’artillerie sur des civils. Deux journalistes russes avaient péri dans les bombardements.
Les avocats de Nadia Savtchenko affirment eux qu’elle a été capturée avant la mort des deux journalistes. Quoiqu’il en soit, le fait qu’elle ait été transférée pour jugement en Russie est une preuve accablante pour les Ukrainiens que la Russie est partie prenante du conflit dans le Donbass, ce que le Kremlin dément avec persistance.
Nadia Savtchenko n’est d’ailleurs pas la seule citoyenne ukrainienne jugée en Russie : deux réalisateurs de cinéma arrêtés dans la Crimée annexée par la Russie, ont déjà été condamnés à 20 ans de prison pour préparations d’actes terroristes. Après cinq mois d’un procès dénoncé comme injuste et très politisé, Nadia Savtchenko encourt jusqu’à 23 ans de prison. Après un énième vice de procédure, le 3 mars, elle a entamé une nouvelle grève de la faim. Elle assure être déterminée à revoir l’Ukraine, vivante ou morte.
A Kiev et dans d’autres pays sont organisées des actions de soutien mais les protestataires ne se font guère d’illusions. Ils réclament des Occidentaux qu’ils dénoncent le double-discours du Kremlin et fasse pression pour obtenir la libération de ceux qu’ils considèrent comme des victimes politiques, et des prisonniers de guerre, manifestations concrètes de la guerre hybride entre l’Ukraine et la Russie.