Ukraine: les habitants prisonniers de la «zone grise»

Les accords de Minsk ont certes conduit à un apaisement des offensives le long de la ligne de front qui divise le Donbass, mais les échauffourées sont quasi-quotidiennes et meurtrières. Les habitants de cette « zone grise » sont désemparés et réduits à une précarité extrême.

Avec notre correspondant à Kiev, Sébastien Gobert

Quand le convoi d’aide humanitaire arrive dans le village de Jovanka, il fait avant tout face à la colère des quelque 300 habitants. Ces derniers sont excédés et frustrés d’être parmi les grands oubliés du cessez-le-feu. « Comment nous vivons? Dans nos caves. Ils bombardent tout, ils détruisent tout. Ça tire de tous les côtés » explique Maria, 83 ans.

Depuis un an, les tensions dans la région se sont globalement apaisées. Mais dans quelques endroits particuliers, les duels d’artillerie sont réguliers. Jovanka en fait partie. Les bombardements n’ont ici aucune valeur stratégique. Pour Liouba, une autre habitante, ils servent juste de défouloir aux belligérants. « Depuis l’entrée en vigueur de la trêve, ils ont pris l’habitude de nous bombarder, tous les jours et toutes les nuits, du matin au soir. Une grosse série de tirs et puis des heures de silence. C’est une guerre des nerfs. Contre qui? Contre nous, des civils, habitants du village! » regrette Liouba.

Les bombardements de ces deux dernières semaines sont tellement violents qu’ils ont entraîné la fermeture d’un des postes-frontières ukrainien, paralysant ainsi la circulation dans cette partie de la région. Un an après les accords de Minsk, il est impossible ici de retrouver une vie normale.

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