Ukraine: découragé, le ministre de l'Economie démissionne

Le ministre de l'Economie a annoncé ce mercredi 3 février sa démission pour protester contre le blocage des réformes. Tout comme l’actuel ministre des Finances, Aïvaras Abromavicius, lituanien naturalisé ukrainien, avait été nommé en décembre 2014 par Petro Porochenko, qui voulait apporter du sang neuf et s’entourer de spécialistes ayant travaillé à l'étranger et qui n’avaient pas de lien avec l’ancien système. Cette démission pointe les limites de cette politique d’ouverture.

Aïvaras Abromavicius dit refuser d’être un « paravent » masquant la corruption. Les schémas du passé n’ont pas disparu avec la révolution du Maïdan et la fuite du président Ianoukovitch, a expliqué le ministre ukrainien de l'Economie au cours d’une conférence de presse qui devait être, à l’origine, consacrée aux privatisations.

S’il jette l’éponge, c’est qu’il estime avoir les mains liées : « Ce n'est pas seulement un manque de soutien ou de volonté politique. Ce sont des mesures actives visant à paralyser notre travail de réformes. Mon équipe et moi ne sommes pas prêts à couvrir le retour d'anciens schémas, et la création de nouveaux, allant dans les intérêts de certains hommes politiques et hommes d'affaires ».

Et parmi ces hommes, qui auraient exercé des pressions sur son ministère, Aïvaras Abromavicius cite Ihor Kononenko, homme d’affaires, député du bloc Petro Porochenko, souvent présenté comme l’éminence grise du président ukrainien.

Pour autant, le ministre démissionnaire espère que son annonce sera interprétée comme un signal : celui de la nécessité de faire un grand ménage. « Il faut une réinitialisation du pouvoir, pas uniquement au ministère de l’Economie, mais à la justice, aux douanes, à l’administration fiscale. Le processus est trop lent et cela se ressent dans le milieu des affaires et c’est pourquoi le climat d’investissement ne s’améliore pas », a-t-il insisté. 

A 40 ans, Abromavicius quitte le pouvoir, accroissant un peu plus le malaise et la crise politique au sein du gouvernement Iatseniouk.

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