Des druides, des sorcières et même quelques licornes ont attendu, le 22 décembre au petit matin, que le soleil se lève sur le monument mégalithique anglais de Stonehenge, érigé il y a plus de 4 000 ans. Au rythme des tambours, de nombreux visiteurs, parfois déguisés, ont dansé pour fêter le solstice d’hiver. Les médias britanniques estiment à 5 000 environ le nombre de touristes, de curieux et de néo-païens à s’être rendus sur le site pour l’occasion.
Stonehenge est connu pour son alignement avec l’astre solaire lorsqu’il se couche au solstice d’été et qu’il se lève au solstice d’hiver. Le soleil apparaît alors entre les deux pierres du grand trilithon, l’élément le plus impressionnant du site. La disposition et l’orientation des structures, mais aussi l’analyse d’os de porcs retrouvés sur les lieux laissent à penser que la civilisation du néolithique qui a construit Stonehenge célébrait ce phénomène astronomique.
Le jour le plus court, la nuit la plus longue
« Bien que nous ne sachions pas quel solstice était le plus important pour ceux qui fréquentaient Stonehenge, certaines preuves laissent à penser que celui d’hiver était très important », explique un responsable de l’organisme public Historic England à l’agence Press Association. Les visiteurs venus fêter l’évènement perpétuent ainsi une tradition très ancienne.
Dans l’hémisphère nord, le solstice d’hiver correspond au jour le plus court de l’année et à la nuit la plus longue. D’un point de vue astronomique, c’est le moment où le soleil est au plus loin de l’équateur, atteignant son extrême méridional. Mais il marque aussi le moment où les journées commencent à rallonger. Il symbolisait de fait, dans certains systèmes de croyance et de nombreuses civilisations, le renouveau et le retour du soleil.
Fêter la naissance du soleil
Lors des Saturnales antiques, les Romains fêtaient le Dies Natalis Solis Invictus, « le jour de la naissance du soleil invaincu », que les experts associent au culte de Mithra, divinité solaire de la civilisation perse. Encore aujourd’hui, les Iraniens célèbrent Shab-e-Yalda, qui marque la naissance de ce dieu lors du solstice d’hiver et la conquête progressive de la lumière sur l’obscurité.
Les peuples scandinaves et germaniques avaient également leur propre cérémonie, Yule, qui honorait la renaissance de la lumière et de la nature, et dont on retrouve aujourd’hui de nombreux symboles (les couronnes de gui, le houx, les bougies) à Noël. Certains experts estiment donc que la religion chrétienne s’est très probablement basée sur ces fêtes païennes pour choisir la date de naissance du Christ, qualifié de « lumière du monde » dans la liturgie catholique.
« L'aube que nous attendions »
Interrogé par la BBC, le prêtre païen Arthur Pendragon, membre important du mouvement druidique d’Angleterre qui anime depuis des années les cérémonies du solstice à Stonehenge, considère que ce lever de soleil est « l'aube que nous attendions, l’aube à laquelle les anciens étaient tant attachés ». « Après ça, ils savaient que les jours seraient plus longs et que l’espoir et le renouveau étaient de retour », estime-t-il.
Ce « druide », qui vient depuis 30 ans à ces festivités, lie aussi le succès de ce genre de rassemblement aux préoccupations modernes : « je pense que beaucoup de gens s’intéressent à la nature à cause du réchauffement climatique et de l’environnement. Ils se tournent vers des religions liées à la Terre. L'hiver est une période d'espoir et de renouveau. »