L'enlisement diplomatique continue entre la Russie et la Turquie

La Russie a durci ses représailles contre la Turquie, en rétablissant l'obligation de visas pour les Turcs, alors qu'Ankara cherchait à l'inverse à renouer les contacts pour «apaiser les tensions». Mais la diplomatie russe accuse Ankara d'avoir «dépassé les limites» en abattant un bombardier russe près de la frontière syrienne, et n'entend pas épargner la Turquie.

Le président Erdogan avait, lors des premiers incidents frontaliers aériens avec les Russes début octobre, promis de ne pas décrocher son téléphone pour parler au président russe, s'estimant dans son bon droit et jugeant les Russes coupables.

Mais cette fois, si l'on en croit le Kremlin, c'est bien Ankara qui a sollicité une rencontre entre les deux chefs d'Etat, à l'occasion du sommet COP21 à Paris. Refus catégorique de Vladimir Poutine, qui une nouvelle fois exige des excuses préalables, rappelle notre correspondant Jérôme Bastion.

Or Recep Tayyip Erdogan ne décolère pas et continue d'estimer que Moscou joue avec le feu, dans la région, mais ne cherche pas l'apaisement au plan diplomatique. Il n'est donc pas prêt à faire amende honorable. Car la Russie continue d'insister sur le fait que la Turquie soutient les groupes terroristes islamistes, et Ankara n'est pas non plus prêt à accepter cette accusation.

Visas obligatoires pour les Turcs en Russie

Pour l'instant, rien ne semble pouvoir rapprocher les positions des deux anciens amis, qui se retrouvent à se déchirer à cause du conflit syrien. Et Moscou, après une série de mesures d'embargo économique et pour bien montrer qu'elle n'est pas prête à prendre langue avec Ankara, a décidé de réinstaurer le visa obligatoire pour les visiteurs turcs.

C'est au cours de la conférence de presse conjointe avec le ministre syrien des Affaires étrangères que le chef de la diplomatie russe a annoncé le retour des visas pour les Turcs, rapporte notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne.

Pour lui, le territoire turc est dangereux car les terroristes y circulent impunément. Le trafic du pétrole de contrebande s'y déroule au su et au vu de tous. Les Américains, forcément au courant, n'ont rien fait contre. Autant d'accusations dont se délecte le ministre syrien, qui en rajoute sur la complicité supposée de la Turquie avec les groupes terroristes. Le ton n'est pas à l'apaisement des tensions.

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