Le ministère russe de la Défense précise que l'opération de sauvetage du pilote survivant, qui a duré 12h, a été menée conjointement par les forces spéciales russe et syrienne. Le second pilote a été tué par les rebelles turkmènes de Syrie, de même qu'un soldat russe qui faisait partie de l’équipage d’un hélicoptère parti à leur secours.
Moscou a donc décidé de prendre des mesures d'ordre militaire pour montrer à la Turquie sa détermination, rapporte notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne. Des systèmes de défense anti-aérienne S 400 vont être déployés sur sa base de Hmeimim. Le croiseur Moskva, équipé de systèmes anti-missile, va mouiller au large de Lattaquié et désormais les bombardiers russes seront escortés par des avions de chasse.
Cela dit, même si les mots du président russe contre la Turquie ont été extrêmement virulents, les militaires et les diplomates ne ferment pas la porte. Ainsi l'ambassadeur russe en France a appelé à la constitution d'un état-major commun contre le groupe Etat islamique, qui inclurait la France, les Etats-Unis, et la Turquie. Et d'après l’agence Interfax, le ministre de la Défense lui-même s'est félicité, hier, de la coopération déjà établie avec les forces armées françaises, américaines, jordaniennes et turques, Des propos tenus après la chute de l'avion. Mais officiellement, aujourd'hui, il n'y a plus de dialogue entre Ankara et Moscou.
Modération du côté d'Ankara
Le soutien très limité, de pure forme, affiché hier par l’OTAN qui a organisé d'urgence une réunion hier niveau des Ambassadeurs à la demande d’Ankara, et puis l’échange téléphonique entre les Présidents Obama et Erdogan la nuit dernière, ont semble-t-il incité la Turquie à la modération, rapporte nontre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion.
Le chef de l’Etat turc a indiqué ce mercredi matin lors d’une réunion internationale à Istanbul, à laquelle le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a d’ailleurs annulé sa participation, que son pays souhaitait éviter toute escalade, et avait seulement voulu, hier, défendre sa sécurité et les droits de ses frères de Syrie – il entend par là les rebelles turkmènes.
Ne pas couper les ponts avec la Russie
M. Erdogan a également affirmé que la politique de la Turquie en Syrie ne changerait pas, à savoir qu’Ankara poursuivrait ses efforts humanitaires des deux côtés de la frontière et s’efforcerait de prévenir une nouvelle vague de réfugiés. Il s’agit encore une fois là de réaffirmer son soutien aux Turkmènes, dont plusieurs centaines ou plusieurs milliers se sont réfugiés en Turquie ces derniers jours pour fuir les bombardements russes.
Quant au Premier ministre Ahmet Davutoglu, il a insisté ce matin sur l’amitié et les relations économiques florissantes qui prévalent entre les deux pays depuis une décennie. « On ne peut pas se permettre de couper les ponts avec la Russie, a-t-il dit, alors que Moscou a déjà annoncé des mesures d’embargo économique avec Ankara».