Avec nos envoyés spéciaux à Molenbeek, Romain Lemaresquier et Marc Fichet
Depuis les attentats de Paris, il y a une semaine, la Belgique prend conscience de l’ampleur du problème concernant la radicalisation de certains de ses ressortissants de confession musulmane.
La commune de Molenbeek est bien entendue pointée du doigt comme étant le lieu où il faut intervenir. Une commune qui compte bon nombre d’habitants qui se sont rendus en Syrie, comme le confirme Ann Gilles-Goris, adjointe au maire et en charge de l’action sociale.
« On est au courant qu’il y aurait une trentaine de jeunes qui seraient partis en Syrie, explique-t-elle. On sait que certains sont décédés mais au niveau communal, ce n’est pas nous qui détenons le pouvoir en matière de lutte contre le terrorisme. »
L’Etat fédéral est selon elle responsable d’un manque de communication mais pas seulement. Tout comme elle, de nombreux pays trouvent que la réaction des autorités n’est pas à la hauteur de la gravité de la situation. En réaction, jeudi, le gouvernement a annoncé toute une série de mesures sécuritaires.
Des mesures qui risquent bien d'être contre-productives
Pour Jean-Pierre Dupont, prêtre à Molenbeek depuis quinze ans et en charge des relations interreligieuses, ce n’est pas forcément une bonne solution. « Je ne sais pas s’il faut tellement se réjouir de cet appel à plus de sécurité, à plus de force dans les interventions, s’inquiète-t-il. Je pense qu’il faut rester un peu sobre et un peu lucide et ne pas trop vite céder à la panique pour renforcer l’attirail sécuritaire. »
Selon lui, ces mesures pourraient avoir l’effet inverse et pousser encore plus de jeunes à suivre l’exemple de ceux qui sont déjà partis combattre en Syrie. Mais comme il tient à le souligner, « seul l’avenir nous le dira ».