De notre envoyée spéciale à Athènes,
Dernières heures de mobilisation au quartier général de Syriza dans le centre d’Athènes. Les militants s’activent à préparer l’ultime grand rassemblement de campagne. Dans un bureau du deuxième étage, Panos Skourletis, le ministre de l’Energie du gouvernement sortant, lit les dernières informations avant de partir rencontrer les électeurs : « Ce qu’on observe, c’est que les gens sont tétanisés et se demandent s’ils vont soutenir Syriza. Je crois, qu’il faut qu’on s’adresse à ces personnes avec la plus grande honnêteté. On doit leur dire quelles seront les difficultés, leur rappeler que le gouvernement a bataillé ferme ces 7 derniers mois avant la signature de l’accord. On aurait voulu que cet accord soit différent, mais il faut que les gens réfléchissent aux problèmes qui nous attendent et puissent décider quel gouvernement sera le plus à même d’y faire face. »
Mobilisation difficile
Les partis de gauche y ont déployé leurs stands de campagne, place de l’Université, dans le centre d’Athènes mais les passants n’y prêtent quasiment pas attention.
Sous la grande tente de Syriza, deux militants attendent les visiteurs. En face, de l’autre côté de l’avenue, les frondeurs ont installé leurs quartiers. Une dizaine de militants de la toute nouvelle Unité populaire, attablés, discutent en sirotant un café glacé. Parmi eux, Vicky, 40 ans, transfuge de Syriza : « C’est clair que c’est très difficile de mobiliser les gens, parce qu’il y a une réelle déception, les gens sont très déçus par Syriza. En 7 mois, ce parti a transformé un programme radical, un programme de gauche, en un programme complètement de droite et complètement néolibéral ».
Les Grecs perplexes
Dans les milieux de gauche, la vague d’enthousiasme qui avait propulsé Syriza au pouvoir en janvier est retombée dans le courant de l’été. Le « non » au référendum sur les réformes, suivi 8 jours plus tard de l’adoption d’un troisième plan de sauvetage financier en a dérouté plus d’un. Si bien que certains électeurs ne voient plus trop de différence entre le programme de gauche de Syriza et de la Nouvelle Démocratie à droite. Loukia Kotronaki, chercheuse à l’université du Panthéon à Athènes : « Cette logique d'austérité est partagée par les deux partis, donc on ne peut pas facilement trouver de différence sur le plan économique. La Nouvelle Démocratie dit "nous, nous sommes, la nouvelle force qui va garantir l'efficacité de ce programme". Et en même temps Syriza n'est pas encore une force politique mature du néolibéralisme. Le parti entre dans le champ du néoliberalisme donc il n'a pas ce stock de cynisme qui pèse sur le dos de la Nouvelle Démocratie. Donc la différence réside pour le moment dans la manière d'aborder les problèmes sociaux.
Une cure de rigueur de droite ?
Dans son bureau d’un quartier huppé d’Athènes, le député de Nouvelle Démocratie Makis Voridis affiche déjà un large sourire : « Quelle équipe va appliquer de manière de plus efficace l'accord ? C'est ça la question. Pour nous, c'est très clair. C'est dans notre idéologie, dans notre culture de droite. A mon avis le programme d'ajustement, ne peut pas être appliqué par la gauche. Parce que la gauche ne croit pas à des politiques comme ça. Le programme prévoit des privatisations. Vous connaissez dans le monde des partis de gauche qui supportent les privatisations ? Personne». Les derniers sondages donnent Syriza et la Nouvelle démocratie au coude à coude.