avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Hier, en début d’après-midi, le fait qu’une colonne de manifestants pacifistes, drapeau blanc en main, réussisse, en passant à travers champs, à forcer les barrages de police qui interdisent l’accès à la ville à une dizaine de kilomètres à la ronde, avait suscité un grand espoir. Mais en s’approchant de l’agglomération, ces derniers avaient été rudement repoussés, et les habitants de Cizre étaient restés seuls face aux forces de sécurité.
Au même moment, une délégation de responsables du HDP, parmi lesquels son président Selahettin Demirtas, avait été également éconduite « pour leur propre sécurité », a affirmé le ministre de l’Intérieur. Pour la troisième journée consécutive, ils vont pourtant tenter de revenir aujourd’hui pour apporter aux otages de Cizre les vivres et un soutien sanitaire minimum, car les blessés sur place ne peuvent toujours pas être soignés.
Tentative d'infiltration par le fleuve
Dans l’après-midi également, des camionneurs bloqués à Zakho, en Irak, juste de l’autre côté de la frontière, ont tenté de s’infiltrer jusque dans la ville en se laissant dériver dans le fleuve Tigre, qui traverse Cizre et marque la frontière et avec la Syrie et avec l’Irak, mais les militaires ont ouvert le feu, faisant 4 blessés, pour les éloigner.
Le calvaire de la ville de Cizre et de ses habitants, dont l’importance stratégique semble aussi grande pour le gouvernement que pour les Kurdes de la région, se poursuit.
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