Avec notre correspondante à Palerme, Cécile Debarge
La nuit est tombée sur le port de Palerme quand la grue du Poséidon, un navire des garde-côtes suédois, fait descendre à quai un immense container blanc. A l'intérieur, les corps de 52 passagers d'un vieux rafiot de bois, parti vingt-quatre heures plus tôt des côtes libyennes. « La plupart des passagers de la cale étaient du Pakistan ou du Bangladesh. Ils voyageaient dans des conditions qu'on peut difficilement imaginer. C’était un espace très étroit, plein à craquer, avec très peu d'oxygène. Et c'est d'ailleurs ce qui a causé cette tragédie », raconte Mathias Lindolm, le porte-parole du bateau de la marine suédoise qui les a retrouvés.
4 400 personnes secourues en 48 heures
L'opération de sauvetage et de récupération des corps a duré huit heures. L'équipe de premier secours est même parvenue à ranimer l'un des passagers de la soute. Sur les visages des survivants, on devine l'horreur de la traversée. Et nombreux sont ceux qui semblent blessés ou encore sous le choc. « Des psychologues et des psychiatres sont également présents, car, vraisemblablement, en même temps que ces personnes décédées, il devait y avoir à bord leurs proches », explique Francesca Cannizzo, préfète de Palerme.
Les éventuels proches des victimes seront les seuls à ne pas être transférés dans le reste de l'Italie, notamment pour faciliter l'identification et la prise en charge psychologique. Le parquet de Palerme a par ailleurs ouvert une enquête pour homicide et aide à l’immigration clandestine. Jeudi, les opérations coordonnées par les garde-côtes italiens, ont permis de sauver 1 400 personnes. La veille, mercredi, 3 000 migrants avaient déjà été secourus en mer. Parmi eux, de plus en plus sont des mineurs. Selon des experts, il pourrait exister un lien entre cette recrudescence du nombre de passages depuis la Libye et la perspective d'un rapprochement d'un nouveau round de négociations entre Parlements rivaux libyens, programmé au Maroc.
Au moins 76 morts au large de la Libye
Par ailleurs, le naufrage d’un bateau transportant plusieurs centaines de personnes, jeudi au large des côtes libyennes, pourrait donner lieu à un bilan humain extrêmement lourd.
Le bateau a chaviré au large de Zouara, près de la frontière avec la Tunisie, avec environ 300 personnes à son bord, selon une source citée par l'Agence France-presse. « Jusqu'à présent, 76 cadavres ont été repêchés et 198 personnes ont été secourues », a déclaré Mohammed al-Masrati, un porte-parole du Croissant rouge, précisant que le nombre exact de disparus n'est pas connus.
Un bilan avancé ce vendredi dans la matinée par un responsable des gardes-côtes libyens faisait état d'un bilan possible de 200 personnes tuées dans ce naufrage. Une information qui n'a, pour l'instant, pas été confirmée par les garde-côtes italiens, qui coordonnent les opérations en Méditerranée.