L'attaque la plus meurtrière a eu lieu dans le district de Silopi, dans la province de Sirnak, frontalière de l'Irak et de la Syrie, a annoncé l'agence privée Dogan relayée par l'Agence France-Presse. Un engin explosif placé le long d'une route a tué quatre policiers. L'attaque est attribuée aux rebelles kurdes du PKK.
Par ailleurs, un soldat turc a été tué lorsque des militants kurdes ont attaqué au lance-roquette un hélicoptère militaire qui transportait du personnel dans le secteur de Beytussebap à Sirnak, selon les mêmes sources. L'armée turque a immédiatement riposté en bombardant les positions des séparatistes kurdes turcs du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) dans la région.
Ce ne sont là que les plus récentes et les plus meurtrières des attaques quotidiennes portant la signature très claire de la rébellion kurde, en réponse aux frappes aériennes visant leurs bases en en Irak du nord et en Turquie même, où la répression anti-kurde bat son plein depuis trois semaines maintenant. Les villes du sud-est vivent d’ailleurs une situation littéralement insurrectionnelle avec des heurts violents et des victimes civiles ou parmi les forces de l’ordre, qui a incité les autorités à décréter l’état d’urgence dans plusieurs provinces frontalières ou plus ou moins éloignées des deux frontières syrienne et irakienne.
Les violences se sont intensifiées depuis un attentat-suicide le mois dernier dans une ville proche de la frontière avec la Syrie, attribué à l'organisation Etat islamique (EI). Ankara a réagi le 24 juillet en lançant une « guerre contre le terrorisme » visant simultanément le PKK et les combattants du groupe jihadiste en Syrie. Mais les dizaines de raids aériens qui ont suivi se sont concentrés sur la guérilla kurde, seuls trois d'entre eux ayant été jusqu'à présent officiellement signalés contre l'EI.
A Istanbul, les Etats-Unis visés
Istanbul a également été secouée par deux attentats, dont l'un contre la représentation américaine dans le pays, signale notre correspondant sur place Jérôme Bastion.
C'est une véritable « nuit bleue » à Istanbul, comme la ville n’en avait pas connu depuis longtemps. Deux femmes ont attaqué le consultat des Etats-Unis, situé dans les quartiers nord de la ville. Elles se sont approchées au maximum de l'énorme bâtiment très protégé et ont ouvert le feu à l'arme automatique. Les deux assaillantes se sont rapidement retrouvées prises sous le feu des policiers turcs en faction. Si l’une d'elles a réussi à prendre la fuite, sa complice a été retrouvée blessée, alors qu’elle se cachait dans une maison proche.
L'attaque du consulat américain a été revendiquée par l’organisation d’extrême gauche clandestine DHKP-C (Front-parti révolutionnaire de libération du peuple) sur son site internet. Cette organisation est aussi directement visée par les rafles menées par la police turque ces dernières semaines. Elle est, en outre, coutumière des attaques contre la présence américaine et les forces de sécurité turques. L’une des deux assaillantes retrouvées à proximité de la représentation américaine est d’ailleurs présentée comme une militante de cette fraction violente.
Un poste de police également visé
Le second attentat de la nuit à Istanbul s’est déroulé peu après minuit. Un véhicule a explosé devant un poste de police du quartier de Sultanbeyli, sur la rive asiatique du Bosphore, faisant dix blessées, dont trois policiers. Des affrontements avec la police se sont poursuivis toute la nuit devant le poste de police visé par l'attaque. Un policier a été tué, ainsi que deux agresseurs. La presse turque a identifié le HSB comme auteur de l'attentat. Il s'agit de l'Unité de défense populaire, un groupe d'extrême gauche créé en mars 2014. Il promet que les attentats continueront.
Au lendemain de l’arrivée des premiers chasseurs-bombardiers américains sur la base d’Inçirlik, pour frapper le groupe Etat islamique en Syrie et en Irak, ces deux attentats pouvaient faire penser à des représailles de l’organisation jihadiste, mais il semble qu’il n’en est rien, en tout cas à ce niveau de l’enquête. Les représentations diplomatiques américaines à Istanbul et Ankara ont régulièrement été attaquées ces dernières années, tant par l’extrême gauche clandestine que par les islamistes. Le consulat américain avait déjà été attaqué au début des années 2000 par des membres d’al-Qaïda qui n’avaient pas non plus réussi à véritablement s’approcher de l’entrée.