Rumeurs sur une exclusion de la co-directrice, sur une rivalité entre chefs d'orchestre, changements de distribution au dernier moment : à Bayreuth comme toujours, le spectacle est autant dans la coulisse que sur la scène de ce temple de l'opéra wagnérien, de ce mythe quasi fondateur de l'âme allemande. Les grands de ce monde - du roi baroque de Bavière Louis II à la reine Angie I aujourd'hui, en passant par les empereurs du Deuxième Reich et le dictateur moustachu du Troisième, y avaient ou y ont leurs habitudes.
Le musée Wagner qui rouvre ses portes après cinq ans ne passera d'ailleurs plus sous silence les liens quasi symbiotiques du festival à l'époque avec le nazisme. Dans cette entreprise familiale, l'arrière-petite-fille de Richard Wagner, Katharina, 37 ans, est aux commandes. Et avec Tristan et Isolde qui a ouvert l'édition 2015, elle a dû convaincre alors que la trentenaire ne dispose que de maigres expériences de metteur en scène. D'autres productions ces dernières années avaient suscité la colère de wagnériens pour qui toute nouvelle interprétation de leur idole constitue un crime de lèse-majesté. De quoi alimenter les discussions durant la pause, son coussin sous le bras - les sièges à Bayreuth ne sont pas rembourrés – et une saucisse très chic à la main.