La ligne dure ou le compromis ? Deux camps, deux visions de l'Europe vont s'affronter dans les heures qui viennent à Bruxelles. L'imbroglio grec est au menu d'une énième réunion de l'Eurogroupe, les ministres des Finances des pays de la zone euro, avant un sommet de leurs dirigeants en fin d'après-midi.
Manuel Valls, le Premier ministre français, est déterminé à trouver un accord avec Athènes. Il n’envisage pas une sortie de la Grèce de la zone euro : « Nous étions tout près d’un accord ! Et chacun connaît les bases de cet accord. Cet accord c’est à la fois, bien sûr, les réformes nécessaires pour faire en sorte que l’Etat grec fonctionne, qu’il y ait une fiscalité digne de ce nom, que l’investissement puisse reprendre. Il faut aussi des investissements pour aider l’économie grecque. Et Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, s’est engagé sur un plan de 35 milliards concernant la Grèce. »Et de rappeler que le rééchelonnement de la dette est possible, « cette question n’a jamais été taboue pour la France. » Manuel Valls a aussi réaffirmé que la « sortie de la zone euro [de la Grèce] plongerait le peuple grec dans une situation insupportable ! » Le Premier ministre français a aussi annoncé qu’un débat se tiendrait demain à l'Assemblée nationale française.
Une position partagée par Martin Schulz, le président du Parlement européen : « Ma position personnelle est très claire. Je suis pour l’intégralité de l’Eurozone. Alors ceux qui veulent essayer de la diviser commettent une erreur. Je suis reconnaissant envers Jean-Claude Juncker qui a confirmé ce matin encore une fois que depuis toujours et jusqu’ à la dernière minute, je me suis battu pour un rapprochement en direction de la Grèce. »
Eviter le « Grexit » est donc un défi pour les Grecs et Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne a prévenu Athènes : « Pour m’occuper de très près de la réalité quotidienne des citoyens grecs, je n’oublie pas la réalité quotidienne de tant d’autres. Il y a du chômage partout en Europe. Il y a de la pauvreté partout en Europe. Il y a des salaires sociaux minimaux inférieurs au salaire social minimum grec. Il y a des seuils de pauvreté franchis par beaucoup de pays membres qui ne sont pas grecs. Il y a des niveaux de vie inférieurs au niveau de vie grec. Donc il faut voir toute la réalité et ne pas s’adonner au plaisir de quelques propos démagogiques. »
Une majorité hostile à la Grèce
Les ministres des Finances sont entrés dans l’arène en milieu de journée. Le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, qui a fait une courte déclaration a expliqué qu’il fallait y aller pas à pas, « step-by-step ». Michel Sapin en revanche s’est abstenu de parler à la presse.
Le Commissaire européen à l’Economie, Pierre Moscovici, a tenu à s’exprimer assez longuement. Il a parlé de la responsabilité historique qui était dans les mains des politiques. Pour lui, une sortie de la Grèce de la zone euro serait un échec terrible qu’il faut absolument éviter. Alors pour éviter ce « Grexit », Pierre Moscovici a mis des mots sur ce qu’attendent les autres participants à cette réunion, mais aussi les cordons de la bourse des 18 pays membres de la zone euro. Ils attendent des propositions concrètes des Grecs. Donc pression maximum sur Euclide Tsakalotos, qui remplace Yanis Varoufakis, qui est donc le nouveau ministre grec des Finances.
Il est arrivé parmi les premiers, décontracté, chemisette ouverte. Mais lui aussi s’est abstenu de s’exprimer devant la presse. Et c’est un peu son baptême du feu. Il n’a pas droit à l’erreur, le sort de son pays en dépend. Et en face de lui, il y a une majorité de ministres qui lui sont hostiles, il faut bien le dire. Une quinzaine de pays ne souhaitent pas le maintien de la Grèce dans la zone euro : les Baltes, les pays de l’Est, les Slovaques… Mais la France et l’Allemagne restent les ténors de cette zone euro. Ils peuvent donner l’impulsion. D’autant plus qu’ils sont les principaux créanciers de la Grèce. En cas de sortie de la Grèce de la zone euro, ce sont eux qui perdraient le plus, puisque les Grecs ne rembourseraient pas leur dette.