Opération navale de l’UE en Méditerranée: Mogherini plaide à l’ONU

L'Union européenne, à travers sa chef de la diplomatie Federica Mogherini, cherche à obtenir l'accord du Conseil de sécurité de l'ONU à New York pour lancer une opération navale en mer Méditerranée. Cette opération viserait à intercepter les bateaux des passeurs qui transportent illégalement des migrants entre la Libye et l'Europe. Plus de 1 700 personnes ont péri depuis le mois de janvier dans des drames de l'immigration clandestine. Mais cette opération a des conséquences juridiques et les avis divergent au sein des Etats membres des Nations unies.

Avec notre correspondante à New York, Marie Bourreau

Faute de consensus au sein du Conseil de sécurité, sur l'opportunité d'une opération navale en mer Méditerranée, Federica Mogherini a joué à New York la carte de l'humanitaire. Le but de cette opération est de « sauver des vies », a-t-elle dit aux quinze Etats membres, espérant ainsi obtenir le vote d'une résolution rapide encadrant juridiquement le principe d'une opération navale contre les bateaux des passeurs en Libye.

« Il faut travailler sur différents niveaux. Bien sûr, dans l'immédiat, sauver des vies en mer. Il faut aussi faire face aux organisations criminelles et j'espère, je pense, qu'une opération navale dans ce sens va aider. Mais il faut travailler aussi sur les racines du phénomène », a plaidé Mme Mogherini, avant de préciser après la réunion, compte tenu des remous suscités par la perspective d'une opération militaire, que « personne ne pense à des bombardements. Je parle d'une opération navale. »

Des interrogations juridiques

Deux volets entourent donc l'opération : humanitaire et sécuritaire. Federica Mogherini l'a rappelé, les réseaux de trafiquants sont liés aux activités terroristes en Libye. Mais les points d'obstacles sont nombreux. Les divergences au sein des membres du Conseil portent essentiellement sur la légalité à donner à cette opération navale.

Au chapitre des points d'interrogations : à qui faut-il demander une autorisation pour intervenir alors que la Libye possède actuellement deux gouvernements qui s’opposent ? Faut-il passer outre l'accord des autorités libyennes ? Quel avenir pour les clandestins dont le bateau serait arraisonné ? « Pas un seul réfugié ou migrant intercepté en mer ne sera renvoyé contre son gré », a affirmé Federica Mogherini, qui assure par ailleurs que rien ne se fera sans l'accord des Libyens, à qui elle offre un « partenariat ».

La question de l'ingérence

Parmi les diplomates, tout le monde s'accorde à dire qu'il y a urgence à ne pas attendre plus longtemps pour agir. Mais la question est donc de savoir avec quelle juridiction. La réunion de lundi au Conseil de sécurité de l'ONU n’a donc pas été simple pour Federica Mogherini, pressée par l’Union européenne d’obtenir l’aval du Conseil de sécurité pour donner un cadre légal à son action, mais confrontée aux réticences d'autres pays.

Lundi, la chef de la diplomatie européenne a dû affronter les Chinois et les Russes, qui s’opposent traditionnellement à toute ingérence dans les affaires intérieures. Il y a peu de chances que Moscou ou Pékin autorisent une nouvelle opération sur le sol libyen. Et c’est d’ailleurs pour aller dans leur sens que Federica Mogherini a plaidé pour une opération uniquement navale qui permettrait d’arraisonner les bateaux de passeurs.

 

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