Génocide juif: à Dachau, Angela Merkel enjoint de «ne pas oublier»

Angela Merkel est la première chancelière allemande à participer aux commémorations de la libération du camp de concentration de Dachau. Le camp, libéré fin avril 1945 par les Américains, avait été le premier ouvert par le régime nazi, deux mois après l'arrivée au pouvoir de Hitler, en 1933. Il devait servir de modèle. 200 000 personnes y ont été internées jusqu'en 1945. 40 000 y sont mortes.

Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut

Angela Merkel était à Dachau, ce dimanche, pour participer aux commémorations marquant le 70e anniversaire de la libération du camp de concentration par l’armée américaine, en 1945. Environ 130 survivants étaient présents sur le site de l’ancien camp de concentration, où ils ont rappelé leurs souffrances subies dans le camp, mais aussi souligné que le devoir de mémoire constitue une obligation pour l’avenir.

« Ne pas se taire »

C’était aussi le message d’Angela Merkel, qui est la première cheffe de gouvernement allemand à assister à ces commémorations. « Un camp l’un après l’autre a été libéré il y a 70 ans. Partout les mêmes images d’horreur se sont imposées. Elles nous appellent tous à ne pas oublier, a-t-elle insisté lors de son discours. Non, nous n’oublions pas. Nous nous rappellerons pour les victimes d’hier, pour nous et pour les générations futures. »

Après des survivants, plusieurs jeunes ont pris la parole, pour souligner que le devoir de mémoire ne se limitait pas aux cours d’Histoire, mais les interpelaient aussi dans leur vie quotidienne, face aux menaces d’aujourd’hui qui rappellent celles d’hier. « Ce passé est aujourd’hui encore actuel, car des persécutions pour des raisons politiques, raciales ou religieuses persistent, a lancé l’un de ces jeunes depuis la tribune. Nous avons compris qu’il est important de ne pas se taire si une injustice se déroule sur nos yeux. » Le vol de la porte du camp de Dachau surmontée de l’inscription cynique « arbeit macht frei » - « le travail rend libre » -, en novembre dernier, démontre également l’actualité de ces propos.

Dès vendredi, la chancelière allemande avait voulu marquer l’importance qu’elle entendait donner à l’évènement. Dans son podcast vidéo hebdomadaire, la chancelière n’avait en effet pas choisi un angle innocent : derrière elle, on apercevait le mémorial soviétique à quelques pas de la porte de Brandebourg construit dès 1945. La chancelière, comme beaucoup de responsables européens, ne sera pas à Moscou le 9 mai pour la parade commémorant la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, il y a 70 ans. Mais Angela Merkel sera le lendemain sur place pour déposer une gerbe à la mémoire des soldats soviétiques. « Un geste important », a-t-elle souligné.

Contre « le nationalisme débridé »

Par ailleurs, une cérémonie aura lieu vendredi prochain au Parlement dans le bâtiment du Reichstag sur lequel les Soviétiques hissèrent leur drapeau rouge en mai 1945. « On ne peut pas tirer un trait sur l’Histoire. Nous, les Allemands, nous avons une responsabilité particulière. Les crimes que nous avons commis doivent nous conduire à agir de façon sensible, attentive et pertinente. Je comprends tout à fait les douleurs et les inquiétudes aujourd’hui encore que ce passé provoque dans les pays concernés. Pas question, donc, d’oublier », avait alors déclaré la chancelière allemande.

Et samedi, lors de l’anniversaire de la capitulation de Berlin, avant celle du Troisième Reich le 8 mai, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier avait souligné qu’« il revient à l’Allemagne de travailler à un ordre international qui assure la paix après que le nationalisme débridé de notre pays a plongé le monde dans le chaos ».

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