Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
Vladimir Poutine a consacré la première heure de son intervention aux questions économiques. Il a cherché à rassurer ces concitoyens alors que le revenu des Russes a globalement baissé depuis le début de l’année en raison de l’inflation et de la chute du rouble.
Le rouble effectue une remontée importante depuis deux semaines. Il est passé ce matin sous la barre des 50 roubles pour un dollar. Un seuil psychologique que le président Poutine n’a pas manqué de souligner. « Nous sortirons de la crise plus vite que prévu, en moins de deux ans », a-t-il dit.
En revanche, il ne s’attend pas à ce que les sanctions occidentales soient levées rapidement, car, a-t-il dit, elles sont politiques, et ne sont pas liées à l’Ukraine. « Nous allons profiter de la situation pour « atteindre les nouvelles frontières du développement de la Russie », a-t-il conclut.
Les Mistral, un contrat signé par pure générosité
Concernant les sanctions, il a déclaré que le refus de la France de livrer les Mistral était sans importance. Récemment, un responsable russe de l'armement, a donné deux mois à Paris pour trouver un compromis, avant de lancer les procédures d'arbitrage. Mais Vladimir Poutine semble pret à renoncer aux pénalités : « S’ils ne sont pas livrés, c’est sans importance sur les capacités de défense de la Russie. Je pars du principe que les autorités actuelles en France sont honnêtes, et nous rendrons l'argent. Nous n'avons meme pas l'intention de leur faire payer les pénalités ou d'exiger des amendes faramineuses. »
Il a affirmé que ce contrat de plus d'1,2 milliard d'euros a été signé par pure générosité : « A l'époque, nous avions conclu ce contrat surtout pour soutenir nos partenaires et assurer du travail à leurs chantiers navals. Nous avions prévu de les utiliser en Extrême-Orient. Mais pour nous ce n'est pas critique. » Pour le Kremlin, cette affaire prouve cependant que la Russie ne peut pas faire confiance aux pays membre de l'Otan . Et elle en tiendra compte à l'avenir dans sa coopération en matière de defense.
Il a par ailleurs nié que la Russie ait envie de rétablir un empire, et a même reconnu qu'imposer le modèle soviétique en Europe après 1945 n'était pas « une bonne chose ». « Apres la deuxième guerre mondiale l’URSS a voulu imposer son modèle dans les pays est-européens, et cela s’est retournée contre nous » et, a-t-il lancé à l’attention de Washington, « si les Américains se comportent de la même façon, eux aussi vont échouer ».
L'Ukraine et l'Iran évoqués
L’Ukraine n’a été évoquée qu’une heure et demie après le début de l’émission. Pour Vladimir Poutine, en imposant un blocus économique au Donbass, Kiev se coupe elle-même du Donbass. La Russie n’a pas l’intention d’intervenir en Ukraine. Pour sortir de la situation actuelle, il faut appliquer les accords de Minsk, faire la réforme constitutionnelle, et respecter les intérêts légitimes des russophones.
Autre sujet de politique étrangère évoqué par le président Poutine, la levée de l’interdiction de livrer des missiles sol-air à l’Iran. Il s’agit pour lui de récompenser les efforts des Iraniens à trouver un accord sur le contentieux nucléaire, sans menacer Israël car les S-300 sont des armes défensives à ses yeux. «Et puis leur livraison aura un effet dissuasif dans le conflit au Yémen», a t-il conclu.