Avec nos envoyés spéciaux à Marioupol, Boris Vichith et Anastasia Becchio
Des jeunes gens en treillis déchirent puis mettent le feu à un grand carton recouvert d'un drapeau russe sur lequel est collée la photo de Vladimir Poutine. Une entrée en matière qui ne fait pas dans la dentelle pour ce rassemblement de militants ukrainiens. Alors que l'hymne national résonne, Galina ne peut réprimer ses larmes. « Ça rime à quoi tout ça ? Pourquoi faut-il que les gens s'entretuent ? Pourquoi Poutine vient-il chez nous ? Il a tué Nemtsov et il se réjouit. Bien sûr, il n'a sans doute pas donné l'ordre de le tuer, mais c'est le système qu'il a créé qui en est responsable et je pense que les gens qui le soutiennent à plus de 80 %, s'en réjouissent aussi. »
L'assassinat de l'opposant russe, ardent défenseur de la cause ukrainienne, mais aussi l'aide aux séparatistes ou l'emprisonnement de la pilote ukrainienne Nadia Savtchenko, en grève de la faim depuis 80 jours à Moscou : autant de reproches adressés au Kremlin par les manifestants. Denis Protapenko dirige le parti Batkyvchyna de Ioulia Timochenko à Marioupol. « Boris Nemtsov soutenait Savtchenko, il l'avait appelé à cesser sa grève de la faim, parce qu'il comprenait que ça n'arrêterait pas Poutine. C'était un défenseur infatigable de notre pays, l'Ukraine. » La place se vide rapidement après la manifestation. Il ne restera plus que quelques œillets rouges encadrant la photo de Boris Nemtsov face au socle de la statue de Lénine déboulonnée.
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