Dette grecque: le marathon de Tsipras pour convaincre les Européens

Le Premier ministre grec et son ministre des Finances ont pris leur bâton de pèlerin pour aller plaider la cause de leur dette un peu partout en Europe. Après un passage par Rome ce mardi, leur périple culminera mercredi 4 février avec la rencontre à Bruxelles entre Alexis Tsipras et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Avec notre bureau de Bruxelles,

Il n’y a pas de raison que la rencontre entre Alexis Tsipras et Jean-Claude Juncker soit beaucoup plus détendue que celle de vendredi dernier à Athènes entre le ministre des Finances Yanis Varoufakis et le président de l’Eurogroupe. Ceci étant, leur entretien sera peut-être facilité par le fait que Jean-Claude Juncker semble favorable à la fin de la troïka des bailleurs de fonds internationaux.

Le président de la Commission européenne l’a répété à plusieurs reprises dans le courant de sa campagne pour les élections européennes de l’an dernier. Il n’a pas fait de déclaration récente sur le sujet et le porte-parole de la Commission européenne se contentait d’affirmer lundi qu’une évolution de la troïka était souhaitable, mais on sait cependant que beaucoup trouveraient politiquement souhaitable, justement, la disparition de cette instance.

La troïka a été mise en place dès le premier plan de sauvetage des finances publiques grecques et elle permet aux bailleurs de fonds un suivi permanent des budgets de l’Etat hellène. Le problème essentiel de son fonctionnement est que le Fonds monétaire international, la Commission européenne et la Banque centrale européenne apparaissent aux Grecs comme une tutelle insupportable.

Fin de la troïka ?

D’une part les Européens estiment qu’il faut éviter de se trouver dans une situation où un échec de Syriza à tenir ses promesses pousserait les Grecs à voter pour les ultra-nationalistes d’Aube dorée. D’autre part, ils estiment que la troïka n’a que trop contribué à ternir l’image de l’Union européenne dans l’esprit des citoyens grecs. Enfin, beaucoup sont persuadés que la troïka est dépassée. Elle a rempli sa fonction et il est désormais temps de sortir de ce système. Les pays de la zone euro ont d'ailleurs déjà lancé ce processus avant Noël, poussant l’ex-Premier ministre Antonis Samaras à provoquer des élections législatives anticipées, car il croyait pouvoir capitaliser sur cette annonce.

Cela apparaît donc comme une bonne nouvelle pour les Grecs, mais une nouvelle à prendre avec des pincettes tout de même. En effet, le Fonds monétaire international n’est pas encore convaincu, l’Allemagne est hostile à tout emballement et plus de 7 milliards d'euros doivent encore être versés. Or, cela ne peut se faire que dans le cadre des accords signés lors de la mise en place des plans de sauvetage. Et n’oublions pas non plus que la fin de la troïka sonnerait aussi pour la Grèce le signal du retour sur les marchés pour se financer, et donc le moment de tous les dangers.

Partager :