Avec nos envoyés spéciaux à Donetsk, Anastasia Becchio et Boris Vichith
Le recrutement débutera dans dix jours, a précisé Alexandre Zakharchenko. Le chef de la République séparatiste de Donetsk, qui au départ a évoqué une mobilisation générale selon l’agence de presse officielle séparatiste, a ensuite précisé à une agence russe que seuls les volontaires seraient recrutés.
Ces 10 000 hommes, selon ses estimations, seront dans un premier temps formés, puis feront partie d’un contingent de réservistes, a expliqué le chef de la République séparatiste. L’objectif, a dit Alexandre Zakharchenko, est de porter les forces conjointes des séparatistes de Donetsk et de Lougansk à 100.000 hommes.
Depuis plusieurs jours, les rebelles maintiennent la pression autour de la ville de Debaltsevo, important nœud ferroviaire reliant les capitales de Donetsk et Lougansk. Les combattants séparatistes grignotent du terrain et investissent des petites localités. Leur objectif est d'encercler les militaires ukrainiens qui seraient entre 4 000 et 8 000, selon les sources, dans la ville de Debaltsevo.
Pour les autorités de Kiev, ces annonces venues de Donetsk « signifient que les rebelles n'ont pas de ressources humaines et ne sont pas arrivés à atteindre leurs objectifs, à savoir la prise de Debaltsevo ». C’est ce qu’affirme le porte-parole de l’armée, Andrij Lyssenko.
Quoi qu’il en soit, les deux camps semblent déterminés à monter en puissance. Les autorités ukrainiennes ont lancé, il y a quelques jours, une quatrième vague de mobilisation. Elle devrait toucher environ 50 000 hommes.
■ A Donetsk, le désarroi des retraités. Reportage.
Avec nos envoyés spéciaux à Donetsk, Anastasia Becchio et Boris Vichith
A Donetsk, devant les portes closes de la maison de la culture du quartier Leninsky, quelques vieilles dames et un vieil homme un peu perdu, qui s'appuie sur une canne : « Quand est-ce que ça va ouvrir, vous ne savez pas ? », s'enquiert-il. Sur la porte vitrée, une affiche : « En raison de risques liés à la sécurité du personnel, le centre est fermé aujourd'hui ».
Il y a trois jours, un obus a explosé au cours d'une distribution d'aide alimentaire, faisant 6 morts. Nadezhda perd ses nerfs en voyant le centre fermé : « J'ai travaillé 45 ans comme conductrice et maintenant on me bombarde et on ne me paye pas ma retraite. Qu'est-ce que c'est que ce président ! On n'a jamais connu ça avant. Ianoukovitch n'était pas bien, c'était un voleur, mais il nous laissait quelques miettes. On avait au moins quelque chose. »
Aux problèmes de sécurité, s'ajoutent les difficultés croissantes pour acheminer les vivres à Donetsk, les autorités ukrainiennes ayant drastiquement limité les entrées et sorties en zone séparatiste. Nikolai est l'assistant d'un député de la République populaire autoproclamée de Donetsk : « Nos pensionnaires ne reçoivent quasiment plus d'aide en ce moment. Les difficultés sont apparues à partir de la mi-janvier. Les 20-21 janvier, on a annoncé que les centres d'aide alimentaire allaient rouvrir, mais ils ne sont restés ouverts que quelques jours, parce qu'il n'y a plus de vivres à distribuer. »
La plupart des retraités de Donetsk n'ont pas touché leur retraite depuis plusieurs mois.
Sur les différents fronts, les combats continuent de faire rage. On a ainsi dénombré douze morts, dont sept civils dans l'est de l'Ukraine, ces dernières 24 heures.