L'écrivain Erri De Luca est accusé d’incitation au sabotage, parce qu’il a prononcé les mots qui suivent, dans un entretien accordé au Huffington Post italien le 1er septembre 2013 : « Il faut saboter le projet de TGV Lyon-Turin ». Peu après, la société franco-italienne en charge de la réalisation du projet ferroviaire avait porté plainte pour incitation au sabotage.
Mercredi, on a vu Erri De Luca, devant le tribunal de Turin, bien déterminé à défendre sa liberté d’expression. Il a affirmé que « le verbe saboter est noble ». « Même Gandhi l’utilisait » a-t-il dit. En clair, Erri De Luca refuse la limitation de sens donné au verbe saboter. « Son emploi ne se réduit pas au sens de dégradation matérielle », soutient-il. Mais le procureur a affirmé qu’il ne pouvait y avoir ambiguïté et qu’il s’agit bien d’incitation au délit.
L’avocat Gianluca Vitale estime qu’il s’agit d’un « procès politique contre la liberté d’expression et contre le mouvement No Tav ». Il a déclaré qu’il faudrait vraiment pouvoir démontrer les répercussions concrètes sur certains activistes des mots prononcés par Erri De Luca et que « connaissant bien les mouvements anarchistes ». Il pense que l’écrivain « n’a aucune influence sur ces derniers ». Le procès s’annonce particulièrement houleux. Prochaine audience fixée au 16 mars.
Les raisons d'une telle résistance au projet de TGV Lyon-Turin
Erri De Luca, qui a rejoint il y a huit ans les opposants - parmi lesquels on compte de nombreuses familles du Val de Suse, dans le Piémont - s’est fait leur porte-parole dans divers entretiens avec les médias. Il a notamment expliqué que le projet impose le percement d’un tunnel sous les Alpes dans une roche truffée de matériaux radioactifs, et que la perforation de la montagne va mettre à l’air libre ces matériaux. Ce qui entraînerait des risques pour la santé des habitants et pour l’environnement.
Par ailleurs, les opposants au TGV estiment que le projet est bien trop coûteux et qu’il ne permettra pas de supprimer le passage routier « d'un million de camions par an entre l’Italie et la France », contrairement à ce qu’affirment ses défenseurs. Pour les NoTav, il est possible de trouver d’autres solutions pour le ferroutage dans la zone des Alpes. Ce projet a été lancé en 1991 mais la ligne ne devrait entrer en service qu'en 2028 ou 2029.