De notre correspondante dans les pays baltes,
Il y a encore 25 ans, la Lettonie faisait encore partie de l’Union soviétique. Cela ne fait pas donc si longtemps que tout cela - la mémoire des répressions et des déportations - est encore très vivant en Lettonie, comme d’ailleurs dans le reste de la région baltique. Les populations de ces pays prennent donc les menaces de Moscou très au sérieux et craignent que la Russie ne cherche à déstabiliser la région. Il y a déjà des signes. En septembre, c’est un officier estonien des renseignements qui a été kidnappé par les Russes ou encore un bateau lituanien qui a été arraisonné, toujours par les Russes, dans les eaux internationales près de Mourmansk.
Dans ce contexte, la coalition de trois partis de centre droit au pouvoir devrait être reconduite, mais le parti Harmonie, russophone, devrait faire un très bon score. Plus encore, selon certains sondages, c’est même Harmonie qui devrait remporter le plus grand nombre des cent sièges du Parlement.
Alors comment l’expliquer ? La Lettonie compte une importante minorité russophone, un tiers des deux millions d’habitants. La crise en Ukraine a renforcé la polarisation de l’électorat. Les Russophones votent pour un parti russophone. Mais Harmonie se présente aussi désormais comme un parti social-démocrate. Il est dans l’opposition depuis plusieurs années et attire les plus démunis, puisque ce n’est pas lui qui a décidé des mesures d’austérité pour sortir de la terrible récession de 2009.
Symbole de l'influence russe
Lors de précédentes élections en 2011, Harmonie avait remporté 31 sièges, mais était resté dans l’opposition. Or, cette année aussi, le même scénario devrait se répéter.
Ce sont les partis lettons qui gouvernent ; c’est une tendance depuis le retour de la Lettonie à l’indépendance, et encore plus dans le contexte actuel, puisque le parti Harmonie est le symbole de cette influence russe en Lettonie.
Harmonie est mené par le maire de Riga, Nils Usakovs. Pendant la campagne électorale, ce jeune loup de la politique s’est montré aux côtés de Dmitri Medvedev et affiche ses liens avec Russie unie de Vladimir Poutine. Il n’a d’ailleurs pas condamné catégoriquement l’agression russe en Ukraine.
Quant au programme de la coalition, il sera surtout très économique. Il faut poursuivre les efforts pour soutenir la croissance, très bonne actuellement. La sécurité économique est aussi très importante dans ce pays qui dépend beaucoup de la Russie pour son commerce.